BIP : Plus de 30 projets abandonnés en deux ans à l’Ouest
BIP : Plus de 30 projets abandonnés en deux ans à l’Ouest
C’est la conséquence de la défaillance des entreprises adjudicataires et de l’administration qui plombent l’exécution de ces infrastructures de développement des exercices budgétaires 2021 et 2022 dans cette région du Cameroun .
Les travaux de construction de l’axe routier Foumban-Koupa Matapit, qui relie les régions de l’Ouest et Nord-Ouest (54 km) piétinent depuis 4ans. Ayant d’ailleurs connu plusieurs arrêts, ils affichent un taux d’avancement de 31,78% contre une consommation des délais de 96,60%, y compris la prolongation des délais au 1er décembre 2023, à en croire Augustine Awa Fonka, le gouverneur de la région de l’Ouest . Cependant, relève-t-il, après la reprise en octobre 2023, l’entreprise Soroubat, en charge desdits travaux a considérablement amélioré sa mobilisation.
Comme cet axe, plusieurs autres chantiers subissent le même sort dans cette région du Cameroun, ou ont été abandonnés. Au premier décembre 2023, cette région affiche un taux global de réalisation physique du Budget d’investissement public (Bip) de 78,6%. Soit une hausse de 7,06%, comparativement à la même période l’année dernière. Une performance qui place l’Ouest au premier rang du classement national selon David Manfouo, président du Comité régional de suivi de l’exécution physico-financière du Bip. « L’Ouest est une zone à forte pluviométrie et les projets de route n’ont pas été réalisé . Pareillement, il y a quelques projets d’infrastructures, notamment les constructions de bâtiments et réhabilitation qui sont encore en cours », précise Ernest Gilbert Mvondo, délégué régional de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire de l’Ouest (Drepat/O). Il relève que « l’essentiel des projets de la région est réalisé ou en bonne voie d’être réalisé ».
Mauvaises pratiques
La communauté urbaine de Bafoussam, les communes de Bafoussam 1er, Foumbot, Fongo-Tongo, Nkong-Zem et Bangangté affichent un taux de réalisation de 100%. Tandis que celles de Banwa et de Bafang occupent les dernières places avec un taux de moins de 20%. Face à ce faible taux comme elles en ont l’habitude, Angéline Ntamelal Mbozo’o, déléguée régionale des Marchés Publics de l’Ouest dénonce les mauvaises pratiques qui plombent l’exécution des projets dans ces communes . Il s’agit du non-respect des clauses de marché public, les délits initiés, la réception des projets avec des malfaçons, des commissions de passation des marchés publics majoritairement présentées comme goulots d’étranglements, parce qu’exigeant 15% aux entreprises.
Une réalité, qui selon Blaise Nzupiap, consultant en développement est la conséquence de la « mauvaise gestion des finances publiques ». Il souligne que « les populations ne sont toujours pas associées aux différentes phases de maturation des projets. Si elles étaient impliquées, elles devraient jouer le rôle de veille afin que ces projets soient réalisés dans de très bonnes conditions ».
Selon André Salao, chef de brigade régionale de l’exécution des marchés publics de l’Ouest les retards sont aussi la conséquence de la complexité des textes. Il relève notamment l’absence des cartons de crédit dans les départements. Car, selon lui, ces cartons restent les seules preuves de la disponibilité du financement. « Il y a aussi le disfonctionnement entre les notifications de contrat et de l’ordre de service », regrette André Salao qui déplore la défaillance de certaines entreprises et aussi de l’administration. « Quand elles émettent des avancements et des décomptes sans suite favorables, elles préfèrent s’arrêter. Certaines entreprises avec un taux de réalisation de 0% n’ont pas démarré les prestations . Ceci nous pousse à questionner la procédure de passation des marchés qui a été biaisée quelque part pour favoriser certaines entreprises », analyse-t-il.
À quelques semaines de la clôture de l’année budgétaire en cours, le Drepat/O présente plus de 30 projets abandonnés dans cette région entre 2021 et 2022. De ces projets, certains sont à 0% de réalisation, tandis que d’autres ont été lancés avec le désistement des entreprises adjudicataires.
Jordan Kouénéyé
