Consommation : Des livreurs passent de 1 000 à 600 pains vendus par jour
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Consommation : Des livreurs passent de 1 000 à 600 pains vendus par jour

C’est l’une des conséquences de la hausse de prix de la farine de blé au Cameroun, qui a fait passer le prix de la baguette de pain de 125 F Cfa à 150 F Cfa dans les boulangeries pains vendu livreurs.

Il est un peu plus de 6 h ce jeudi 24 mars 2022. Des conducteurs de motocycles, avec des sacs accrochés aux guidons, vont et viennent en direction de Ets. Boulangerie M.BA. Situé au lieu-dit Camp Tsf, au quartier New-Bell, dans l’arrondissement de Douala 2e.  Mohammed, l’un des livreurs de cette boulangerie n’est pas aussi pressé que les autres d’effectuer ses livraisons. « On est passé d’une livraison de 500 pains à 250 pains la journée, équivalent à un seul tour de moto, sur les 3 qu’on réalisait en une journée », déplore le trentagénaire. Mohamed attribue cette chute pains vendu livreurs de son activité à la hausse de prix du pain.

En effet, à Douala, la baguette qui coûtait 125 F Cfa dans les boulangeries est désormais vendue à 150 F Cfa. Par conséquent, le prix d’achat des livreurs oscille désormais entre 80 F Cfa et 100 F Cfa en fonction des boulangeries. « Actuellement, on nous vend le pain à 125 F Cfa, mais le premier jour de la hausse, c’était à 135 F Cfa. Nous avons dû manifester notre mécontentement pour que ce prix soit revu à la baisse », indique Souley K, un autre revendeur. Il ajoute : « Avant la hausse, je livrais 1 000 pains par jours. Maintenant, je suis à 700, voire 600 pains, mais j’ai du mal à épuiser mon stock ».

pains vendu livreurs la hausse de prix de la farine de blé au Cameroun

Selon lui, cette flambée de prix favorise le changement des habitudes alimentaires des consommateurs. « Les gens ne mangent plus le pain comme avant. Hier (mercredi 23 mars 2022 Ndr), une cliente m’a remis 12 pains sur les 30 livrés, ce qui veut dire qu’elle n’en a vendu que 18. Une autre m’en a ramené 6, sur les 70 livrés, pourtant, elle n’en ramène presque jamais », confie Souley. Plus grave encore, même le nombre de client selon Mohammed a diminué pains vendu livreurs. Ce livreur qui ravitaillait autre fois une dizaine de boutiques dans la ville de Douala, ne le fait plus que dans six désormais. « Les 4 autres ne vendent plus de pain », regrette-t-il.

Manque à gagner

Simon Omgba Belinga, le Délégué régional du Commerce pour le Littoral, pense que cette situation est une occasion pour les camerounais, de changer leurs habitudes alimentaires. « Comme mesures palliatives, nous ne pouvons qu’encourager la consommation du Made in Cameroon. C’est-à-dire que les consommateurs intègrent d’autres habitudes alimentaires qui donnent pour priorité les produits Made in Cameroon. Le gouvernement est en train de voir dans quelles mesures il faut booster le secteur productif qui pourrait peut-être accentuer la production de la farine à partir du manioc, de la patate, de l’igname, du plantain… Que ceux qui ne peuvent pas se procurer du pain apprennent à se contenter de ce qu’on peut trouver localement, qui contribue également à l’alimentation humaine », conseille-t-il.

Aucune des boulangeries (Saker à Akwa, et boulangerie Royale, au lieu-dit Bonakouang-Mouang dans l’arrondissement de Douala 1er), où s’est rendu Data Cameroon, n’a souhaité s’exprimer sur l’impact de cette inflation sur la production du pain. Mais sans donner plus de détails, le promoteur d’une usine de production de pain de la ville, qui a requis l’anonymat, relève qu’il a réduit sa production. « Le prix de 100 Kg est passé de 1 million 900 mille F Cfa à 2 millions 400 mille F Cfa. L’augmentation est très lourde. Nous travaillons pour gagner et non le contraire », a-t-il confié.

pains vendu livreurs le prix de la baguette de pain

Alphonse Ayissi Abena, président de la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco), souligne que depuis l’application de cette hausse, aucune note officielle, aucun communiqué signé du ministère du Commerce n’a été rendue publique. Ce qui pour lui, rends cette hausse informelle. « Nous invitons le ministre du Commerce à prendre ses responsabilités », exhorte-t-il. En ajoutant : « Toute hausse doit prendre en compte le Smig. S’il y a inflation, il faudrait qu’il y ait aussi des hausses de salaires. Il faudrait qu’on invite le gouvernement à mettre en place des dispositifs pour qu’il y ait une amélioration du pouvoir d’achat du consommateur. Tout a flambé, sauf le salaire, les revenus, le pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui fait en sorte que ça aggrave la pauvreté, et surtout cette incidence de tension sociale. »

Michèle EBONGUE

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