Enseignements secondaires : des disparités persistent dans la répartition des infrastructures
Il ressort du rapport d’analyse statistiques du ministère des Enseignements secondaires que le Septentrion et l’Est sont les régions qui subissent un écart important dans le ratio élèves/salle de classe.
Dans l’Extrême-nord, Amina, élève de 4e partage la classe avec plus de 80 camarades depuis son admission au secondaire. « Certains assis au fond de la salle ne parviennent pas à voir le tableau », témoigne la jeune élève. Une situation qui contraste avec les ambitions du gouvernement dans le secteur éducatif.
Dans son récent rapport d’analyse statistiques le ministère des Enseignements secondaires (Minesec) indique que le ratio élèves/salle de classe atteint 87 dans le Nord, 84 dans l’Extrême-Nord, 75 à l’Est et 58 dans l’Adamaoua. A l’opposé, le Nord-Ouest, 34, le Centre, 38, le Littoral, 42 et le Sud-Ouest, 42 affichent des taux plus favorables. « On nous demande d’envoyer nos enfants à l’école pour qu’ils aillent être serrés et entassés comme du bétail », s’insurge Moussa, père de famille à Garoua.
Pourtant en 2020, la Stratégie nationale de développement (Snd30) promettait de « promouvoir un système éducatif à l’issue duquel tout jeune diplômé est sociologiquement intégré, bilingue, compétent, dans un domaine capital pour le développement du pays ». Pour y arriver, deux objectifs stratégiques majeurs ont été assignés au sous-secteur des enseignements secondaires : réduire les disparités régionales en infrastructures scolaires et en enseignants, et accroître l’offre de formation technique et professionnelle de 10 à 25%.
Selon Leon Olinga, doctorant en sciences de l’éducation, ces écarts persistants trouvent leur origine dans la création anarchique des établissements sans tenir compte des besoins et les faibles ratios observés dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. « La carte scolaire ne répond à aucune logique objective. Des pressions politiques pèsent sur la création des écoles », soutient le syndicaliste Gael Paul Bengono,Ces disparités ne se limitent pas aux bâtiments car ils touchent aussi le personnel enseignant. Une étude menée en 2022 par la cellule de la Panification du Minesec révèle un degré d’aléa de 30,15 % dans la répartition des enseignants. C’est-à-dire que près d’un tier des affectations ne répondent pas aux besoins réels. Les écarts régionaux sont extrêmes, très au-dessus du seuil acceptable de 5%. Il est 38,80% dans le Nord-Ouest et 33,67% dans le Sud-Ouest. A l’inverse les régions du Sud (10,99%) et de l’Est (9,65%), affichent les degrés les plus bas.
Sur le terrain, ces chiffres prennent chair. En 2024, le Minesec a démontré que dans l’Extrême-Nord, plus de 200 établissements scolaires n’ont pas de professeurs de mathématiques et plus de 80, dans la même région, n’ont pas de professeurs de Mathematics (section anglophone).
« Ces fractures vont au-delà des chiffres car elles affectent directement l’avenir des élèves parce qu’avec des classes surchargées, des enseignants débordés, des cours annulés ou bâclés, les chances de réussite reculent et le décrochage scolaire progresse », analyse Dr Alex Nkoa, spécialiste en sciences de l’éducation. Une injustice à en croire le syndicaliste Gael Paul Bengono, « car le Cameroun s’est engagé à mettre en œuvre les Odd, dont l’Odd 4 qui recommande une éducation de qualité pour tous. Or ces nombreuses fractures éloignent de cet objectif ».
Mélanie Ambombo







