Après la mise en ligne du fichier électoral le 10 juillet 2025 sur le site officiel d’ELECAM, de nombreux Camerounais inscrits ne trouvent pas leur nom, tandis que d’autres, ayant changé leur lieu de résidence, voient toujours leurs anciennes informations apparaître après avoir actualisé leurs données.

Âgé de 26 ans, Mamadou souhaite prendre part pour la première fois à l’élection présidentielle de son pays. Ce samedi 02 août 2025 à Makepe dans l’arrondissement de Douala 5^e , le jeune homme cherche en vain son nom sur le fichier électoral mis en ligne par Elections Cameroon (Elecam) sur son site. « Je ne trouve pas mon nom sur la liste électorale alors que je me suis inscrit depuis plusieurs mois. Comment vais-je voter si mon nom n’apparaît pas », s’interroge Mamadou qui se retrouve dans l’incertitude d’élire son président le 12 octobre 2025.

La situation de Mamadou n’est pas un cas isolé. Elle est l’illustration de l’un des nombreux dysfonctionnements du fichier électoral mis en ligne par Elecam a moins de 3 mois de l’échéance présidentielle. « J’ai vérifié plusieurs fois mon inscription. Mon nom n’apparaît pas, alors que je suis inscrit depuis mars 2025. J’ai essayé de corriger cette erreur, mais sans succès », déplore de son côté Daniel Gameni. La situation est la même aussi bien pour ceux qui ont déjà voté que pour ceux qui ont changé de résidence. Boris, inscrit sur les listes électorales à Bafoussam en 2017, réside à Douala depuis plusieurs années. Il explique qu’en février 2025, il s’est rendu à l’antenne communale d’Elecam à Logbaba dans l’arrondissement de Douala 3^e pour mettre à jour ses données afin de voter sur place à Douala. Seulement, jusqu’en mai 2025, ses données de 2017 étaient toujours en ligne, le contraignant par conséquent à voter à Bafoussam. Ses demandes de mise à jour auprès d’Elecam sont restées sans réponse jusqu’à ce jour.

Or, « la transparence et la diligence dans la gestion du fichier électoral sont essentielles pour assurer un scrutin crédible et inclusif. Toute erreur ou omission peut conduire à des contestations et à une crise de légitimité », souligne Martin Moukan, sociologue. Surtout que, d’après Me Paul Pierre Epang, avocat au barreau du Cameroun, si ces erreurs constatées persistent, elles risquent de priver de nombreux citoyens de leur droit de vote, ce qui constitue une atteinte grave à la démocratie.

Il recommande à cet effet, « la mise en place d’un dispositif d’urgence pour permettre aux citoyens de rectifier leurs données rapidement, ainsi qu’une campagne d’information ciblée pour sensibiliser la population à ses droits et démarches ». Toutes les tentatives de DataCameroun auprès d’Elecam pour mieux comprendre la situation de ces dysfonctionnements observés par certains citoyens sont restées sans suite à ce jour.

Il faut cependant relever que certains citoyens n’ont pas rencontré de problème jusqu’ici. C’est le cas de Rodolf T., 24 ans, un habitant du quartier Logpom dans l’arrondissement de Douala 5e. « Je me suis inscrit avec mes amis à l’antenne communale d’Elecam de Bonamoussadi. Il y a deux mois, j’ai retiré ma carte, et mon nom figure également sur la liste en ligne, donc j’attends le jour du vote », se réjouit Roland.