Crise post-électorale : les entreprises tournent au ralenti dans certaines villes
« Crise post-électorale » (3/6) : Depuis l’annonce officielle de la victoire du président sortant, Paul Biya, lors des élections du 12 octobre 2025, des villes et des entreprises ont connu un bouleversement inédit. La peur d’éventuelles violences ou débordements a conduit de nombreux travailleurs à rester chez eux, optant pour le télétravail afin de préserver leur sécurité.
A Douala, Valery Fokam, gestionnaire-comptable dans une société d’import-export n’a plus remis les pieds à son bureau depuis le 27 octobre 2025, jour de la proclamation des résultats de la présidentielle. « Chaque déplacement devient une étape risquée », souffle la dame de 37 ans que nous rencontré samedi le 1er novembre 2025.
Son trajet pour se rendre au travail, habituellement rapide, s’est mué en un périple angoissant à cause de l’aspect des routes devenues peu fréquentées ou militarisées. « Je n’ai plus le cœur à sortir. Ce climat de crise nous a poussé à rester cloîtré chez nous. Nous utilisons les moyens numériques pour continuer le travail, mais cela ne remplace pas la cohésion et l’efficacité d’un travail en présentiel », regrette Valéry Fokam.
Comme elle, de nombreux employés de bureaux, par crainte de débordements post-électoraux, ont déserté leurs postes de travail dans les grandes métropoles. « La situation nous a imposé un isolement involontaire. Pour éviter tout risque, la plupart d’entre nous ont opté pour le télétravail, même si cela n’était pas notre pratique habituelle », fait savoir Leonard T., un employé d’une société de prestation de service informatique.
Seulement d’après certains managers d’entreprises, même si le télétravail apparaît en cette période comme une meilleure alternative pour se maintenir en équilibre, le vrai problème reste l’accès limité à la connexion Internet. « Nous sommes nombreux à rencontrer des difficultés pour accéder à nos outils de travail. Par moment, la connexion est tellement lente que cela rend nos tâches presque impossibles », confie Yves Felefack, directeur général d’une entreprise basée à Yaoundé.
Néanmoins, malgré les troubles survenus après à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, certaines entreprises et organisations continuent de fonctionner normalement, même si elles déplorent le faible taux de fréquentation des clients. « Nous avons essayé de maintenir la continuité de nos activités, mais les résultats sont décevants. Les clients se font de plus en plus rares », se plaint Fidèle T., promoteur hôtelier à Douala.
Dans d’autres villes comme Bafoussam ou Garoua, des usines et entreprises fonctionnent au ralenti faute de personnel et de transports. Plusieurs directions ont dû suspendre temporairement leurs activités en attendant le retour au calme.
Selon le Dr. Ferdinand Ze, économiste, ces perturbations traduisent un phénomène bien connu. « La tension post-électorale est souvent accompagnée d’un ralentissement économique et d’un climat de méfiance généralisée. La peur d’une escalade de violence pousse la population à se cloîtrer chez elle, ce qui impacte lourdement la ville et le pays tout entier ». Il ajoute : « il est capital que les autorités instaurent un dialogue et prennent des mesures pour désamorcer la crise, afin de préserver la paix et la stabilité du pays. »
Hyacinthe TEINTANGUE







