Crise post-électorale : Après les urnes, la vie chère s’installe
« Crise post-électorale » (6/6) : Depuis la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, les marchés du Cameroun ont changé d’allure. En zone urbaine comme en milieu rural, les prix ont augmenté.
Même si au ministère du Commerce, la cellule de communication affirme que les marchés de Yaoundé sont bien approvisionnés en viande de bœuf, arachides, oignons, poisson… bref, en produits de première nécessité, depuis le week-end, jusqu’au samedi 8 novembre 2025, la réalité était bien différente à Yaoundé.
Au marché du Mfoundi par exemple, le seau d’arachides qui valait 3800 F Cfa, s’achetait déjà à 5.000 F Cfa. La viande de bœuf était introuvable et les quelques bouchers qui en avaient la laissait à 5.000 voire 6.000 F Cfa le kilogramme, loin des 3.000 F Cfa habituels. Deux jours avant, dans le même marché, Delphine, vendeuse de poisson, ne cachait plus son inquiétude. « Le maquereau qui coûtait 1 350 F Cfa est passé à 1 600 F Cfa et celui de 1 950 F Cfa à 2 200 F C fa maintenant. Tout vient de Douala, et là-bas, les camions sont bloqués », expliquait-t-elle.
La hausse enregistrée depuis le début des tensions post-électorales au Cameroun ne s’arrête pas à la viande de bœuf et au poisson. L’huile de palme, autrefois à 1 200 F Cfa, la bouteille d’1,5 l, s’achète à 1 900 F Cfa. Le prix de la viande de porc est resté inchangé mais c’est le volume qui a considérablement diminué. Même le manioc, coûte deux fois plus cher qu’avant : 1 000 F Cfa le tas.
À Douala, les ménages sont confrontés à la même situation. Au marché Sandaga, les vendeuses de haricot se plaignent du manque de stock. « Le sac est trop cher maintenant. Les camions n’arrivent plus comme avant », souffle Clarisse, vendeuse à Bonamoussadi. À Bafoussam, les grossistes confirment que les voyage se raréfient, le carburant augmente et les prix suivent.
Les produits vivriers venus de l’Ouest et de l’Est se raréfient dans les marchés. À Bertoua, certaines boutiques ferment plus tôt faute d’approvisionnement. Le riz et le sucre se font rares. À Garoua, les sacs de mil et de maïs sont hors de prix. Partout, le panier de la ménagère s’amenuise, pendant que les revenus stagnent.
A en croire le Dr Paul Ongolo, économiste, cette flambée est inévitable en période d’incertitude. « Quand le pays traverse une tension politique, les échanges se ralentissent. C’est la peur qui fait grimper les prix. » Même lecture du côté de Thérèse Nanga, enseignante en Sciences économies à l’Université de Yaoundé II : « Nous ne vivons pas seulement une crise économique, mais une crise de confiance. Les gens ne bougent plus à cause de la peur surtout qu’avec l’avènement des réseaux sociaux la rumeur a fini par prendre le dessus sur l’information. »
Dans les foyers, les familles ont commencé à s’adapter, le poisson frais a vite été remplacé par les harengs, le nombre de repas a diminué. « Désormais, on mange une fois par jour car les quantités ne sont plus énormes, ça va durer jusqu’à ce que la situation se stabilise », confie Juliette Onana, au quartier Essomba à Yaoundé. Désormais les repas se réduisent à l’essentiel. « On mange pour tenir, pas pour se faire plaisir », lâche discrètement une mère de famille à Nkolndongo.
Mélanie Ambombo







