Accès à l’électricité : De nouveaux projets en gestation au Cameroun
 
				Entre promesses d’électrification et dépendance financière, le pays tente de réinventer son apport énergétique afin d’atteindre un accès universel d’ici 2030.
Un soir d’octobre 2025, à Elang, dans la Lekié, région du Centre, la famille Ngah s’éclaire à l’énergie solaire. Deux lampes solaires dont l’éclat n’a pas résisté à l‘usure du temps peinent à percer la nuit. « J’ai appris à la radio que nous serons tous bientôt connectés », se réjouit le chef de famille. Dans ce village de Sa’a, les habitants n’attendent plus l’électricité. « Kokoé, le village voisin avait été électrifié dans les années 80, chez nous, nous attendions aussi d’être connectés, mais ce n’est jamais arrivé et nous avons fini par perdre patience », raconte Papa Tsimi, un octogénaire du village Elang.
Tout n’est peut-être pas perdu, car le Cameroun vient de se fixer pour objectif, l’accès universel à l’électricité d’ici 2030. Une ambition qui s’inscrit dans le Compact énergétique national, document adopté en 2025 pour accélérer la transition vers une énergie plus propre et plus inclusive.
Le Compact énergétique national qui trace la feuille de route du gouvernement, cherche à garantir 100 % d’accès à l’électricité et 40 % d’accès à la cuisson propre (gaz, biogaz, foyers améliorés, charbon écologique). Des objectifs qui en plus de toucher à la vie quotidienne, pourraient l’améliorer par l’éclairage des foyers, la réduction de la fumée dans les cuisines et la préservation des forêts.
Mais la réalité du terrain nuance les promesses. À la fin de l’année 2022, le Cameroun selon les données de la Banque mondiale publiées en septembre 2024, a enregistré un taux d’accès à l’électricité de 71%. Cependant, des disparités significatives subsistent entre les zones urbaines et rurale, mentionne la 5ᵉ Enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam 5), publiée par l’Institut national de la statistique (Ins). En effet, 87,6% de la population urbaine a accès à l’électricité, contre seulement 28,4% en milieu rural.
« Ce chiffre crée une illusion d’universalité », explique Dr Paul Ongolo, économiste. « Dans beaucoup de localités, il n’existe ni poteau, ni transformateur. L’accès à l’électricité reste un privilège urbain. » Cet économiste poursuit que dans la majorité des foyers camerounais, on cuisine encore au bois ou au charbon.
Le Compact énergétique national entend donc inverser la tendance en diffusant des foyers améliorés, en favorisant l’usage du gaz domestique et en soutenant la production de charbon écologique. Sa mise en œuvre nécessitera 12,5 milliards de dollars, soit environ 7 751 milliards de F Cfa. L’État n’en financera qu’une petite part, 13 %. Le reste dépendra des dons, des prêts concessionnels et surtout du secteur privé, appelé à investir 6,4 milliards de dollars.
Mélanie Ambombo







