Une équipe du Système National de Gestion des Incidents est à pieds d’œuvre dans la région de l’Ouest pour apporter une réponse à la pandémie, avec le concours des autorités locales.

Ambiance d’urgence en mi-journée ce 1er avril 2020 à l’hôpital régional de Bafoussam. Georges Enow, le Directeur Général qui vient de recevoir un coup de fil, se précipite vers le service des urgences et demande à l’un de ses collaborateurs de le suivre revêtu d’une combinaison stérile. Tous deux se dirigent hâtivement vers l’entrée de l’hôpital, où un car de transport en commun vient de stationner, laissant sortir le chauffeur. Un échange s’en suit entre le Directeur et le chauffeur qui veillent à garder une distance raisonnable l’un de l’autre, chacun portant un masque chirurgical. Il en ressort que le transporteur avait parmi ses passagers, un homme qui toussait, et a vite fait de s’orienter vers l’hôpital pour donner l’alerte. Trop mince comme signe pour qu’on tire la sonnette d’alarme, juge le Directeur. « C’est la psychose générale avec ce Covid-19 », lance-t-il en rebroussant chemin.

A l’entrée réservée aux usagers, une tente a été installée, abritant des agents de la croix rouge et le personnel soignant. Installés autour d’une table couverte de flacons de produits désinfectants, ils veillent à ce que tout usager entrant dans l’enceinte, se lave les mains ou se les désinfecte en sortant. C’est dans cet établissement hospitalier que sont internés 4 patients testés positifs au Covid-19. 13 personnels de santé sont réservés à leur prise en charge.  Un service d’isolement d’une capacité de 15 lits a été aménagé pour le suivi intensif de ces cas. Sous instruction du Dr Chimoun Daouda, le délégué régional de la santé publique pour l’Ouest, le pavillon prévu pour la dialyse a été transformé en unité de prise en charge de potentiels infectés. Deux autres personnes testées positives au coronavirus sont en confinement à domicile. « Ce sont des cas dont l’état n’est pas inquiétant, de potentiels guéris » affirme le Dr Chimon Daouda.

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Bafoussam, Entrée Hopital Régional site d’accueil des partients de COVID-19

Personnel contaminé

Au total, 6 cas sont officiellement déclarés positifs dans la région de l’Ouest en attendant les résultats de tests récemment effectués sur le personnel de santé et des patients du Centre Médical d’Arrondissement (CMA) de Lafé-Baleng. Le 4e cas positif de la région est un personnel de santé en service dans ledit centre, contaminé par le 3e cas en séjour du 18 au 23 mars 2020 dans cette structure avant d’être transféré en isolement à l’hôpital régional. Depuis lors, le CMA de Lafé-Baleng est en quarantaine, et une opération de désinfection y a été effectuée par l’équipe du Système de Gestion des Incidents mis sur pieds depuis le 20 mars 2020, après la survenue de la première contamination dans la région.

Trois experts sont venus de Yaoundé, pour renforcer et former une soixantaine de personnels affectés spécialement à cette équipe. Ils ont été installés à l’Ecole des diplômés d’Etat et des Aides-Soignants de Bafoussam, fermée à cause de la pandémie. Selon le Dr Mambo Maka qui coordonne cette équipe, des descentes de désinfections sont effectuées tous les jours. « Chaque fois qu’il y a une probable contamination, il y a des séances de décontamination de véhicules, de domiciles, de formations sanitaires etc » rassure-t-il. D’après les explications de ce spécialiste en Système de Gestion des Incidents, il a été demandé aux populations de ne plus se rendre dans les formations sanitaires en cas d’alerte, mais d’appeler le numéro jaune de la région (677 897 287, 677 893 328). « Il faut couper la chaine de contamination, explique-t-il. Au cas où, après analyse d’un appel, on juge qu’il s’agit d’un cas de covid-19, l’équipe d’opération se déplace chez vous, et s’il le faut c’est nous qui transportons le patient jusqu’à l’unité d’isolement ». En moyenne, une centaine d’appels quotidiens sont reçus par le call center. Faible ratio, d’après le spécialiste qui espère que la population n’appelle pas seulement pour signaler un cas, mais aussi pour recevoir une aide à tous les niveaux, voire dénoncer ceux qui par leurs actes mettent les riverains en danger.

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Les autorités municipales se sont aussi impliquées dans la lutte contre la pandémie. Les mariages, funérailles et autres cérémonies sont suspendus. Des descentes de sensibilisation sont menées, il est demandé aux magasins d’installer un robinet d’eau et du savon pour le lavage des mains. Le service d’hygiène de la Communauté urbaine a effectué des descentes de désinfection dans les marchés. Les logements sociaux de Kouekong dans la banlieue, sont réquisitionnés pour une mise en quarantaine de masse. Selon le  Directeur Général de l’Institut de Recherche pour la Santé et Développement, Albert Ze, « ces mesures rentrent dans le cadre des mesures prises par le Gouvernement. Mais je continue de croire que temps que nous n’aurons pas une cartographie exacte de la distribution de la maladie dans la société, ces mesures ne seront qu’une fantaisie ».

Philippe Malong, à Bafoussam

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