Crise post-électorale : Quand la crise freine l’accès aux soins
« Crise post-électorale » (2/6) : A l’Est comme dans plusieurs autres régions du pays, les malades peinent à rejoindre les formations sanitaires où le taux de consultations a baissé. Certaines pharmacies restent closes, les routes sont coupées et le personnel médical craint le pire.
A Bertoua dans la région de l’Est, JPM, un patient atteint d’une maladie cardiovasculaire, n’a pas pu effectuer le déplacement pour Yaoundé pour son contrôle de routine. « Je devais voyager en fin octobre, mais les compagnies de voyage sont fermées depuis le 27 octobre 2025 », confie-t-il, inquiet. Plus grave, ses médicaments, expédié depuis Yaoundé, la capitale, sont restés bloqués à Mvan, épicentre du transport interurbain. « Les bus entre Mvan et Bertoua sont tous immobilisés », déplore-t-il.
Au Centre médical de la Mosquée de Mandjou, arrondissement proche de Bertoua ce 05 novembre 2025, faute de patients, l’infirmier à l’accueil s’est assoupit. Dans cette ambiance morose, le directeur se refuse à toute déclaration. A quelques mètres, Joseph Mbol, fondateur de « Notre Maison de Santé de Mandjou », le plus vieux centre de santé de la localité, ne cache pas son désarroi. « Les tensions du 27 octobre 2025 ont entrainé la baisse du taux de fréquentation qui est passé de 25 patients par jour à moins de 5 depuis une semaine. En plus les quelques malades reçus, victimes de ces manifestations manquent de moyens financiers pour leur prise en charge. Nous sommes obligés de leur faire les pansements gratuitement avant de les référer à l’hôpital régional », explique-t-il.
Rupture des médicaments en perspective
A côté de la faible fréquentation des centres de santé de Mandjou, le taux de fréquentation a également baissé à l’Hôpital régional de Bertoua. « La semaine dernière (du 27 au 31 octobre 2025, Ndlr), il y a eu une chute du taux de consultations et d’hospitalisations dans tous les services excepté la gynécologie. Les quelques cas enregistrés étaient les plus graves », affirme le conseiller médical qui n’a pas voulu donner les détails statistiques.
Une autre inquiétude qui plane sur le secteur de la santé dans la région c’est la disponibilité des médicaments. « Nous sommes ravitaillés en médicaments par le Fonds régional de la santé publique de l’Est (Frspse) et les fournisseurs agréés par le ministère de la Santé publique. Mais avec ce niveau de paralysie du secteur du transport interurbain, ces fournisseurs risquent ne plus venir. Ce qui renforcera la consommation des médicaments de la rue », reconnait Joseph Mbol. Une projection confirmée par Richard, chargé de stock dans une pharmacie au centre-ville de Bertoua. « Depuis le 27 octobre 2025, nous n’avons pas reçu les médicaments commandés à partir de Yaoundé et Douala. Actuellement, nous vivons déjà les ruptures de certains médicaments », regrette notre interlocuteur.
Même si la situation est relativement plus calme à Yaoundé, à Douala, la capitale économique, les choses sont plus compliquées, la peur des attroupements vide les salles d’attente. C’est parfois sur les réseaux sociaux que certains se renseignent avant de sortir. « Pardon les Sists, comment vont les choses du côté de Maképé, Bonamoussadi et Logpom ? Je compte me rendre d’urgence à l’hôpital », a écrit une internaute le vendredi 31 octobre 2025. A Bafoussam, dans la région de l’Ouest, les routes désertes compliquent les déplacements : « Les patients ne viennent plus pour les contrôles, seulement quand il n’y a plus d’alternative », confie un médecin.
Sébastian Chi Elvido à l’Est







