Drépanocytose : le nombre de décès triple au Cameroun entre 2023 et 2024

Passant de 59 à 173 morts au cours de ces deux dernières années, cette situation peut être liée à plusieurs facteurs tels que la progression de la maladie au sein de la population et une bonne détection des cas.

« Impuissante, je la vois se tordre de douleurs », témoigne Sabine L, maman d’une drépanocytaire âgée de 12 ans. Cette mère partage les souffrances de sa fille depuis son diagnostic à l’âge de 2 ans. « C’est très difficile pour mon couple, car il y a des jours où elle va très bien et quelques heures après tout se complique. Ce sont ces douleurs articulaires qui m’ont interpellé et le verdict du médecin a été sans appel. Ma fille est drépanocytaire », se souvient cette mère.  Selon Aurelie Mendouga, une autre maman, « être parent d’un enfant drépanocytaire, c’est être permanemment en alerte. La moindre grippe, fatigue ou douleur devient une menace. C’est une rude épreuve, un amour sans relâche, un mental d’acier, une force inestimable. Malheureusement, j’ai perdu mon fils malgré tous ces combats. »

Le fils d’Aurélie Mendouga n’est pas le seul à avoir été emporté par la drépanocytose. Selon le ministère de la Santé publique (Minsanté), près de 173 personnes sont décédées des suites de cette maladie en 2024. Des données publiées dans le Bulletin épidémiologique de 2024 (Bec), largement en hausse par rapport à celles de 2023, où seulement 59 personnes en sont mortes pour 3601 cas détectés. Soit un taux de létalité qui est passé de 2% en 2023 à 5% en 2024.

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Une analyse de ces données sur les quatre dernières années, montrent une évolution de la drépanocytose au Cameroun. Alors qu’on avait 4076 malades en 2021 pour 102 décès, ces statistiques ont bondi à 4419 malades et 235 morts.

« L’augmentation des cas de drépanocytose en 2024, peut-être liée à deux facteurs. D’une part, la progression de la maladie au sein de la population et d’autre part une bonne détection des cas. S’il s’avère donc que ces cas détectés sont graves, cela peut contre toute attente, expliquer l’augmentation du taux de létalité », explique le Dr Paul Tassé. Ce médecin généraliste souligne que le risque de décès peut augmenter avec une mauvaise qualité des soins sanitaire même si plus de cas ont été détectés. « Certains cas peuvent être détectés tardivement et il est médicalement prouvé que la drépanocytose peut donner sur de graves complications entrainant la mort », conclut-il.

En 2024, la région du Centre comme en 2021 et 2023 a enregistré le nombre de cas de drépanocytose le plus élevé (955). Une vulnérabilité de la région à la maladie qui selon Dr Paul Tassé peut être due au fait que le Centre, où se trouve Yaoundé la capitale du pays, renferme une forte concentration de personnes venues de partout. Ce regroupement de personnes favorise ainsi les unions entre porteurs du gène de la drépanocytose augmentant par conséquents le nombre de patients.

Toutefois, bien que le nombre de cas de drépanocytose soit relativement faible dans la région du Nord (20 cas cumulés), cette dernière présente le taux de létalité le plus élevé (20%).  Soulignant ainsi un défi majeur en matière de prise en charge des patients atteints de cette maladie.

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Mélanie Ambombo

 

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