Cette décision du Ministère des Enseignements secondaires dont le but est de protéger les élèves dans les toilettes des établissements scolaires, considérées comme « zone à risques élevés », est selon un juriste, une violation de leur droit à la vie privée.

La ministre des Enseignements secondaires (Minesec), a présidé le 05 février 2025, la cérémonie de restitution solennelle des résultats de la cartographie des risques et de vulnérabilité des établissements scolaires de Yaoundé. Il était question de dresser un tableau des zones à risques de chaque établissement ainsi que les pratiques y relatives.

Avec un échantillon de huit lycées de Yaoundé, il en ressort que chacun de ces établissements a trois zones à risques. Il s’agit de la zone à risques faibles (salles de classe, cour de récréation), de la zone à risques moyens (couloirs, cantines, ateliers) et de la zone à risques élevés (toilettes et portes des étoiles).

Dans les zones à risques faible, on retrouve la drague, la flânerie et les attouchements.  Les jeux de hasard et les baisers sont le propre des zones à risques moyens, au moment où les bagarres, l’escalade, les rapports sexuels sont courants dans les zones à risques élevés. Dans certains établissements, il a même été relevé des cas d’homosexualité entre filles.

À la fin des échanges, la Minesec a décidé que chaque établissement devra placer des caméras de surveillance aux toilettes avant la fin de l’année scolaire en cours. Ils doivent également élaborer la cartographie de leurs risques et vulnérabilité au Ist/Vih sida, à la violence et aux drogues. Elle a aussi recommandé que les toilettes des élèves soient systématiquement genrées et séparées, et que chaque établissement élabore un plan d’actions de lutte contre lesdits risques et autres vulnérabilités.

« La première zone concerne les milieux ouverts qui empêchent l‘individu d’exprimer son approche libidinale ; les zones moyennes quant à elles sont des endroits où il n’y a pas d’affluence. Ils peuvent alors permettre à un individu de s’exprimer contrairement à la précédente zone. La dernière, qui concerne les milieux clos, emmène quel que soit l’individu à s’exprimer d ’une manière ou d’une autre », analyse le chercheur en psychologie scolaire Eustache Assoumou.

Ce chercheur et par ailleurs spécialiste en éducation globale à la sexualité des adolescents explique que « l’une des résolutions qui m’a marqué c’est installation des caméras de surveillance dans les toilettes. Cela me gêne car il va se poser un problème de valeurs, et d’éthique. Dans le cadre du respect des droits humains il n’est pas indiqué de le faire parce que les toilettes sont supposées être un lieu intime. »

A en croire le juriste Albert Rodrigue Mballa « il n’est vraiment pas approprié d’installer des caméras dans les toilettes d’une école car ce sont des espaces privés où les élèves ont droit à une intimité ; l’installation des caméras dans ces espaces peut dont être considérée comme une violation de leur droit à la vie privée ». Ce juriste ajoute que le Code pénal camerounais en ses articles 342 ; 343 et 344 répriment l’usage des caméras dans les toilettes. Aussi, la loi du 21 décembre 2010 relative à la protection des données personnelles interdit également la collecte, le traitement et la conservation de données personnelles sans le consentement de la personne concernée.

Mélanie Ambombo