Jacques Bougha Hagbe : l’architecte d’un « Kamerun » surréel
Candidat du Mouvement citoyen national camerounais à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, cet économiste est porteur d’un vaste programme de reconstruction du Cameroun.
Jacques Bougha Hagbe entre dans l’arène politique avec l’assurance de pouvoir changer et révolutionner le Cameroun. Il n’y a qu’à voir son volumineux programme politique qui tient sur plusieurs pages pour comprendre que cet économiste, agriculteur et panafricaniste est animé par un grand esprit de révolution. Porté par le Mouvement citoyen national camerounais (Mcnc), ce titulaire d’un doctorat en économie de l’Université Cornell (États-Unis) ainsi que d’un diplôme d’ingénieur de l’École Centrale Paris (France), est bardé de grandes ambitions et de paris audacieux. Par exemple, il pense que le Cameroun peut se transformer en un véritable eldorado en quelques années seulement.
Un pays pourtant classé parmi les plus pauvres au monde avec environ 4 Camerounais sur 10 vivants en dessous du seuil de pauvreté nationale, selon la Banque mondiale. Un Pays qui au 30 juin 2025, à trois mois de l’élection présidentielle, la dette publique s’établissait à 14 105 milliards de F Cfa, soit 43,0% du Produit Intérieur brut (Pib). Son programme vaste de 20 chapitres est un véritable tsunami de reconstruction nationale où de colossales réformes structurelles se mêlent aux symboliques historiques. Jacques Bougha Hagbe va replacer le peuple au centre de chaque décision. Il n’existera plus d’entreprises publiques mais, plutôt d’« entreprises populaires ». A travers un Fonds d’amélioration des revenus de la population (Farp), les couches les moins favorisées pourront acheter des actions dans les entreprises stratégiques du Cameroun, très ambitieux !
Attaché à l’histoire, Jacques Bougha Hagbe veut honorer les héros des indépendances en instaurant une « journée des martyrs », ainsi qu’une « quinzaine de l’Histoire », et officialiser l’orthographe « Kamerun », pour désigner le pays. Dans son futur « Kamerun », le pays sortira de la zone Cfa car il mettra sur pied une monnaie nationale (le « krou »), gérée par la Banque Centrale du Kamerun. Dans ce « Kamerun » paradisiaque, des stations de recharge des voitures électriques seront construites sur toute l’étendue du territoire pour encourager l’usage des véhicules électriques. Ces véhicules équipés de panneaux solaires seront produits localement. Autre projet, chaque département sera doté d’un aéroport national. Si ce programme peut séduire, sa matérialisation interroge sur l’origine des fonds qui serviront à construire par exemple 58 aéroports nationaux quand on sait que le pays peine à entretenir ses infrastructures existantes. Économiste au Fonds monétaire international, Washington D.C., États-Unis, pendant près de 22 ans, Jacques Bougha Hagbe connaît mieux la situation économique du Cameroun. Reste donc à savoir s’il saura à travers son rêve séduire un électorat en proie au doute et au désespoir.
Mélanie Ambombo
Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.







