Couvrant la période allant de 2025 à 2030, cette feuille de route vise à réduire de 25% d’ici 2030 l’incidence de cette maladie, mais aussi, la mortalité prématurée due à cette affection.

« Vivre avec la drépanocytose est un défi constant. Les crises arrivent sans prévenir. Une fois, j’étais en train de cuisiner quand la douleur a commencé dans mes jambes. Je suis tombée, incapable de bouger. Au travail, j’ai été licenciée après plusieurs absences, malgré les certificats médicaux », raconte Amina, une drépanocytaire de 35 ans.

A sa suite, Joel Bonga, ajoute : « je viens d’avoir 18 ans, mais j’ai l’impression d’en avoir 40. Je suis souvent à l’hôpital à cause des crises de douleur, ce qui a affecté ma scolarité. A mon âge, je suis encore en classe de 5^e parce qu’à cause de mes nombreuses crises, j’ai dû redoubler beaucoup de classe. »

En plus de ces nombreuses douleurs, les personnes souffrant de drépanocytose doivent accepter leurs aspects physiques qui fait directement la différence. Le ventre ballonné, les yeux jaunâtres, la fatigue, la pâleur et la maigreur.

Selon le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, plus de 1000 enfants naissent chaque jour en Afrique, porteurs de la forme majeure de cette affection chronique non transmissible. Et la moitié de ces derniers décèdent avant l’âge de 5 ans.

Au Cameroun en 2023, 59 morts ont été enregistrés sur les 3601 cas de drépanocytose détectés. « Il est su de tous que la gestion de cette affection a toujours été entravée par l’absence d’un document de référence aidant à coordonner les efforts de lutte à l’échelle nationale et en définissant entre autres les objectifs et les priorités », soutient Dr Paul Tassé, médecin généraliste.  Une situation préoccupante qui a incité le Minsanté sur la nécessité d’élaborer un plan stratégique national de la lutte contre cette affection pour la période 2025-2030.

Les stratégies implémentées vont donc permettre non seulement de réduire de 25% d’ici 2030 l’incidence de la drépanocytose, mais aussi, réduire la mortalité prématurée évitable due à cette affection. Et Cette stratégie va également mettre sur pied un mécanisme de mutualisation des efforts afin de fédérer efficacement les acteurs de lutte d’ici 2030.

Il est à rappeler qu’au cours de la dernière décennie, le Minsanté et le Groupe d’étude de la drépanocytose du Cameroun (Gedrepacam) ont mis en œuvre dans les villes de Douala et Yaoundé, la phase 1 du projet drépanocytose en Afrique Centrale et en Côte d’Ivoire (Drepacci). « Ainsi le gouvernement du Cameroun a permis que près de 26 359 nouveau-nés soient dépistés. 1341 personnels de santé formés à la gestion des patients atteints de drépanocytose, 364 patients pris en charge et 34 738 personnes sensibilisées en faveur de la lutte contre cette maladie génétique », affirme le Minsanté.

 Au-delà de toutes les stratégies à mettre en place, recommande Dr Paul Tassé, la méthode la plus efficace pour lutter contre la drépanocytose serait que toutes les personnes en âge de procréer adoptent systématiquement des tests d’électrophorèse. Il propose également comme moyens de lutte contre la drépanocytose, la sensibilisation et l’éducation de la population sur cette maladie, ses causes, ses symptômes et ses complications sans oublier le dépistage précoce, la prévention des complications et la création des centres de référence.

Mélanie Ambombo