Naissance prématurée : « le stress et l’âge sont des facteurs favorisants »
Le Dr. Happi Fossi Arielle, pédiatre et chef de service Néonatalogie, à l’Hôpital Laquintinie de Douala revient sur les causes de la naissance prématurée.
Qu’est-ce qu’une naissance prématurée ?
La prématurité, c’est toute naissance vivante avant 37 semaines d’âge gestationnel révolu, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Elle survit le plus souvent dans deux situations. La première est la prématurité spontanée, généralement due à des infections ou à des pathologies chez la maman. La seconde est la prématurité induite, c’est-à-dire provoquée par une décision médicale. Cependant, la majorité des cas concernent la prématurité spontanée, qui ne peut pas être prévue.
Quelles sont les principales causes et les facteurs de risque qui peuvent favoriser la naissance prématurée ?
Les principales causes de naissance prématurée incluent des facteurs maternels tels que le diabète, l’hypertension, et les infections (notamment cervico-vaginales, urinaires ou le paludisme). Par ailleurs, des facteurs favorisants sont liés à des conditions socio-économiques difficiles, la fatigue liée au travail ou aux responsabilités domestiques, le stress, ainsi que l’âge de la mère, notamment chez les jeunes filles ou les femmes de plus de 35 ans.
Qu’est-ce qui différencie un bébé prématuré d’un bébé à terme ?
Un bébé prématuré se distingue par plusieurs caractéristiques, notamment au niveau de la peau, qui est très fine, translucide, et très sensible au froid. En effet, le froid peut être rapidement dangereux pour lui. À la naissance, s’il n’est pas immédiatement séché et réchauffé, il risque une hypothermie pouvant mettre sa vie en danger. C’est pourquoi il est essentiel de lui donner toutes les chances de survivre. C’est même la raison pour laquelle on capacite justement notre personnel pour qu’il ait tous les moyens nécessaires pour assurer la survie de l’enfant, favoriser son développement et lui offrir un meilleur avenir car survie à la naissance constitue ainsi notre principal défi.
Quel est le défi pour vous dans la prise en charge des enfants prématurés, en tant que médecin ?
La prématurité est un problème de santé majeur dans le monde entier, et notamment au Cameroun. Avec un taux de décès néonatal attribué à la prématurité de 40%, il est évident que nous devons faire face à un défi important. Les chiffres sont alarmants : 1,1 million de décès liés aux complications de la prématurité et des naissances prématurées chaque année dans le monde. Cela représente une charge importante pour nos services de santé, et surtout pour les familles touchées par cette situation.
En tant que médecin, j’ai personnellement constaté que le principal défi dans la prise en charge des enfants prématurés reste leur accès aux soins de qualité. Les enfants nés dans des zones rurales ou reculées ont souvent du mal à accéder aux structures de soins spécialisés, comme les unités de réanimation néonatale de catégorie 2. Cela signifie que les femmes enceintes et les nouveau-nés n’ont pas toujours accès à des soins appropriés, ce qui aggrave encore la situation.
Que recommandez-vous ou conseillez-vous aux familles pour prévenir la prématurité ?
Pour prévenir la prématurité, le suivi médical est essentiel. Dès qu’une femme sait qu’elle est enceinte, il est important qu’elle se rende rapidement dans un centre de santé pour assurer un suivi régulier de sa grossesse. Une surveillance attentive de la grossesse permet de détecter précocement d’éventuelles pathologies ou situations à risque, qui pourraient conduire à un accouchement prématuré.
Interview réalisée par Hyacinthe TEINTANGUE







