Ouest : Un cas de rage humaine déclaré en trois ans

Le Centre régional de la prévention et la lutte contre les épidémies de cette région recommande une prophylaxie post-exposition en cas d’une morsure de chien, principal vecteur de la rage humaine, ou tout autre mammifère de sang frais.

Les communautés vivantes dans les aires de santé de Tyo et de Kamkop dans la ville de Bafoussam partagent leur quotidien avec des chiens errants. Ces animaux dont les propriétaires ne sont, généralement pas connus, sèment la frayeur au sein de la population. « Nous ne pouvons pas faire un certain parcours sans trouver au passage un chien. Nos vies sont exposés aux morsures », lance Didérot Fonkou, un habitant de Kamkop qui regrette « une négligence de la part des propriétaires des chiens ».

Au quartier Tougang-ville à Bafoussam, George Toukéa, peine à oublier sa triste rencontre avec l’un de ces mammifères errants. « Ce chien dont j’ignore toujours le propriétaire, m’a mordu. Pour éviter de contracter la rage, je suis allée me faire vacciner contre cette zoonose. Il est toujours important de se faire vacciner en cas de morsure ou une fois qu’on ait été en contact avec de ces animaux », sensibilise-t-il.

Le Dr. Mohamed Youssouf Mfouapon, coordonnateur du Centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies de l’Ouest (Cerple/O) à la délégation de la Santé publique de l’Ouest (Minsanté), prescrit une prophylaxie post-exposition en cas d’une morsure de chien, principal vecteur de la rage humaine, ou de « tout autre mammifère de sang frais ». En plus, conseille le Dr. Jonas Temwa, délégué régional de l’Elevage, des pêches et des industries animales de l’Ouest, il faut « laver abondamment le site de morsure avec de l’eau et du savon, pour réduire la charge virale, avant de se rendre dans un centre de santé pour le vaccin contre la rage ».

Le pronostic vital engagé. 

Nosso Clifford est une victime âgée de 23ans, dont le diagnostic de rage humaine a été confirmé après analyse des prélèvements comme l’indique Dr. Jonas Temwa. Ce fugitif retrouvé qui a cristallisé les attentions après son évasion, est toujours en isolement aux services des urgences de l’Hôpital régional de Bafoussam (HRB), où il suit des soins palliatifs. Selon le Mohamed Youssouf Mfouapon, en cas de non respect de la prophylaxie, la personne victime peut développer les signes de la rage. « Il entre fréquemment dans les crises marquées par une hypersalivation, des aboiements et une intense agressivité », explique ce médecin.

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A en croire le coordonnateur du Cerple/O, c’est l’unique cas confirmé dans la région depuis 2022, d’après les archives de surveillance des maladies à potentiel épidémique de la région de l’Ouest. Il révéle qu’un cas suspect avait été déclaré dans le district de santé de Bandja en 2021. « Les cas de transmission interhumaine de la rage sont très rares. Les seuls cas documentés dans la littérature sont ceux liés à des transplantations d’organes », explique le Dr. Mohamed. Il ajoute que « les symptômes de la rage se manifestent dans un premier temps (phase prodromique) par la température élevée, la fatigue, les signes d’agressivité, la salive plus importante ».

Ensuite, ces signes évoluent soit vers une forme furieuse, avec des aboiements, des formes agressives, des contractures, soit par une forme non furieuse, qui passe généralement inaperçue. A cette phase, le patient peut développer une paralysie, sans avoir à développer des signes de manière spectaculaire. Selon les recherches, soutient-il, une personne qui développe les signes de la rage, a un taux de létalité de 100%. « Mais il y a eu des cas des personnes qui ont survécu. Cependant, elles ont des séquelles neurologiques. Dans une étude publiée en Afrique du Sud en 2016, où on recensait 13 cas de survivants à la rage », renseigne le coordonnateur du Cerple/O.

Il précise que, lorsqu’une personne commence à développer les symptômes de la rage, généralement, dans les 7 à 14 jours s’en suit le décès du malade. Pour le cas d’espèce, dit-il, patient « présente des crises qui ne sont pas permanentes. En une journée, il peut avoir deux à cinq crises. Ce sont des crises spectaculaires ». Selon Mohamed Youssouf Mfouapon, il s’agit d’une forme furieuse de la rage. « Généralement, après cette phase, le patient évolue vers un coma qui va normalement suivre », analyse-t-il.

Présentant ce patient comme étant un cas exceptionnel, le Dr. Mohamed confie qu’il a commencé à développer les symptômes, particulièrement les aboiements le 9 janviers 2025. Rendu au 24 février 2025, il est quasiment à 44 jours après le début de la notification des premiers aboiements. « C’est un cas atypique », dit-il.  « Ceci pourrait avoir des explications, compte tenu de l’histoire de ce malade avec les chiens », ajoute le Dr. Mohamed. Selon les enquêtes faites par le Cerple/O, ce jeune homme s’est spécialisé dans la traque, la cuisson et la consommation des chiens. Avec une préférence pour le cerveau. « Et le virus de la rage aime le cerveau. Peut-être son exposition répétée au virus lui aurait permis de développer son système immunitaire », poursuit-il.

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Vacciner 13 mille animaux.

Pour protéger les populations, une campagne a organisée en début d’année, dans les aires de santé de Tyo et de Kamkop à la suite d ce cas confirmé. Sur plus de 100 chiens rerrouvés en communauté, plus de 50% ont été vaccinés. Ceci s’explique, selon Mohamed Youssouf, par le fait qu’ « il y avait des chiens déjà vaccinés avec des carnets de vaccination. Certains propriétaires n’étaient pas présents pour donner l’autorisation de les vacciner. D’autres chiens errants, il était difficile pour les équipes engagés de retrouver les propriétaires ».

Dans le cadre des campagnes de routine initiées par le gouvernement depuis le 28 septembre 2024, 9 milles animaux de compagnie ont vaccinés gratuitement dans cette région à en croire le Jonas Temwa. Avec en stock deux milles doses de vaccin destinées particulièrement à la Mifi. L’objectif est de vacciner 13 animaux de compagnie à l’Ouest. Selon les affirmations du Dr. Sandrine Tsakam, cheffe du Centre de vaccinations internationales de Bafoussam, 155 personnes ont été vaccinées contre cette zoonose en 2024. Ces personnes ont reçu les trois doses recommandées.

Selon le Minsanté, 5 372 cas de morsures des chiens ont été enregistrés au Cameroun en 2024, parmi lesquels 08 cas suspects de rage et 04 décès suspects de rage. Cette zoonose cause environ 55 000 à 60 000 décès par an, dont 95% environ en Afrique et en Asie dont le Cameroun, selon l’Organisation mondiale de la santé. « C’est un problème de sante publique majeur pour le pays. Sur la base des données que nous avons, on s’est rendu qu’il y a une importante sous notification des cas de la rage». Affirme Dr. Mohamed Youssouf Mfouapon.

Aurélien Kanouo Kouénéyé

Mots – clés :

rage

 

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