Après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, certains quartiers de Douala sont plongés dans un silence lourd de sens. La ville, habituellement animée, vit dans une atmosphère d’appréhension et de méfiance, en attendant la proclamation des résultats. 

Le marché Nkoulouloun dans l’arrondissement de Douala 2^e, ce mercredi 22 octobre 2025, grouille de monde. « Depuis ce matin, c’est la course. Les gens achètent comme si c’était la fin du monde », constate Amélie, une vendeuse de tomates, les mains encore tachées de boues, en désignant ses cageots de tomates vidés en à peine trois heures. La rumeur de la proclamation imminente des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, a déclenché un mouvement de panique, poussant les ménages à constituer des stocks de réserve de nourriture dans la crainte d’une possible crise électorale.

Aux environs de 17 h, les rues se vident peu à peu, tandis que les boulangeries sont prises d’assaut. Entre courses précipitées et repli stratégique, entre peur et colère, la ville retient son souffle dans l’attente angoissée d’une annonce qui pourrait tout faire basculer. « J’achète du pain pour trois jours, au cas où… », murmure Stéphane, ingénieur de 35 ans, en serrant contre lui deux baguettes de pain.

Mais, contre toute attente, la proclamation des résultats de la Présidentielle, initialement prévue le 23, est reportée pour le 27 octobre par le Conseil constitutionnel. Les suspicions de la veille, laissent place à une anxiété qui plonge la capitale économique dans une atmosphère de crainte et de méfiance. L’affluence dans les marchés baisse le lendemain.

A l’instar du marché Mboppi dans l’arrondissement de Douala 1^er, habituellement bondé de vendeurs et d’acheteurs, ce marché connait ce jeudi 23 octobre 2025, une fréquentation plus que modérée. Quelques consommateurs font des provisions, craignant une dégradation de la situation dans les heures à venir. « On ne sait jamais ce qui peut arriver. Mieux vaut prévoir, surtout dans ces moments-là », confie Berenice, une mère de famille.

Les rues, qui d’ordinaire fourmillent d’activités, semblent ce jour figées dans une sorte de suspense silencieux. Certains habitants, craignant pour leur sécurité, ont déjà décidé de rester chez eux, pour éviter tout rassemblement ou déplacement inutile. « Je suis en train de rentrer chez moi. Face aux imprévus, se protéger soi-même et ses proches, c’est aussi choisir de rester chez soi », explique Jean-Marie, un réparateur de motos.

Selon Armand Seumo, spécialiste en communication publique, les plateformes numériques notamment les réseaux sociaux bruissent de messages alarmants, certains appellent à la vigilance, d’autres évoquent la possibilité d’insurrections si le président sortant, Paul Biya, venait à remporter un autre mandat. Selon lui, ces rumeurs alimentent la méfiance et accentuent le climat de suspicion qui règne dans la ville.

Dans sa lettre de Conseils aux voyageurs pour le Cameroun mise en ligne le 20 octobre 2025, le Gouvernement Canadien craint des manifestations qui pourraient survenir et devenir violentes à tout moment. Elles peuvent aussi perturber la circulation, les transports publics, les télécommunications et l’accès à Internet.

A en croire Daniel Banen, économiste, la stabilité politique est essentielle pour préserver la reprise économique dans la ville de Douala et dans tout le pays. « La crainte d’éventuelles violences, dissuade les investissements et freine l’activité commerciale. La paix sociale doit être une priorité pour la stabilité économique », affirme Daniel Banen.

Dans un communiqué signé le 22 octobre 2025, Clément Atangana, le Président du Conseil Constitutionnel annonce que l’audience de proclamation des résultats de l’élection du Président de la République va se tenir le 27 octobre 2025 à Yaoundé.

Hyacinthe TEINTANGUE

Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.