Présidentielle 2025 : la difficile équation de la candidature unique de l’opposition

Malgré le souhait de nombreux Camerounais á voir une coalition des leaders politiques derrière un seul candidat, une alliance forte a dû mal á se mettre en place pour le scrutin du 12 octobre prochain.

Le 02 août 2025, des leaders de l’opposition, candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025 se réunissaient à Yaoundé dans ce qui a été appelé « la rencontre de Foumban ». C’était la deuxième qui réunissait ces leaders politiques, après la première, tenue le 05 juillet 2025. L’initiative prise par la présidente de l’Union démocratique du Cameroun, Patricia Tomaino Ndam Njoya visait un objectif principal. « La rencontre de Foumban avait pour objectif d’affirmer et de consolider la dynamique de la Candidature Consensuelle des Forces du Changement à l’élection du Président de la République du 12 Octobre 2025, et conforter son ouverture à toutes organisations politiques, de la Société Civile et à toutes les personnalités véritablement engagées pour l’alternance pacifique par les urnes dans notre pays », écrit Adamou Koumpit, cadre de l’Udc, dans la mise au point qu’il a fait le 04 août 2025.

Selon le responsable du pôle politique du Purs, Pierre Clavère Nkodo, seulement 5 responsables de partis politiques étaient présents à Yaoundé pour les travaux de « la rencontre de Foumban », contre onze à la première rencontre de ces travaux qui s’étaient alors tenus à Foumban. Ce qui témoigne de la difficulté pour les partis politiques de l’opposition à s’unir. Des difficultés rencontrées également par les responsables du Groupe de Douala (Gdd), dans leur quête d’une candidature consensuelle de l’opposition, comme l’a fait savoir Cyrille Sam Mbaka, le principal responsable du Gdd.

Désaccord leaders-cadres

L’un des obstacles qui entrave la réussite de la coalition de l’opposition, c’est les conditions posées par les candidats à la présidentielle. « En 2018, certains candidats évoquaient les textes de base, disant que pour qu’ils désistent de leur candidature en faveur d’un autre, il faut que ce soit le congrès de son parti qui l’y autorise. Certains estiment aussi qu’il faut qu’il y ait un accord commun sur les objectifs de ce portage collectif », explique le coordonnateur de Un monde à venir, Philippe Nanga. Il ajoute : « D’autres étaient d’accord et engagés, mais à condition que ce soit pour une transition de trois ans par exemple, au cours de laquelle il faudra remettre à plat les textes pour avoir des élections transparentes. D’autres proposaient des préliminaires, et que ce soient les citoyens qui votent pour désigner le candidat de l’opposition. Je suppose que ces mêmes préalables vont resurgir et constituer des obstacles à une candidature consensuelle, la plupart de ces partis politiques n’ayant pas modifié leurs statuts ».

Il note également que les lieutenants de ces leaders ne sont pas toujours d’accord avec les positions des leaders et s’opposent à une coalition, même lorsque ces leaders sont d’accord. A en croire Pierre Claver Nkodo le responsable du pôle politique du Purs, « Beaucoup de leaders politiques ne pensent malheureusement qu’à l’accession à des postes ministériels. Certains choisissent des postes ministériels qu’ils voudraient avoir en cas de victoire, et se retirent de la coalition en cas de désaccord. Et c’est regrettable ».

Coalition pour le peuple

D’autant plus que, « pour battre le Rdpc, l’idéal aurait été que les candidats puissent se mettre ensemble pour privilégier une idéologie fédératrice et alternative. Malheureusement, certains semblent davantage dominés par leur égo démesuré », condamne Pierre Claver Nkodo.  « C’est pourquoi au Groupe de Douala, on a parlé des candidats de large consensus. On sait très bien que c’est pratiquement impossible d’avoir une candidature unique. Il y a des gens qui vont contre vents et marées malgré toutes les propositions de refondation que vous pouvez leur faire. Nous savons que tous n’adhèrent pas à ce projet qui ambitionne de rebâtir le Cameroun », précise Cyrille Sam Mbaka qui reconnaît que « le pouvoir en place fera des clins d’œil et certains vont tomber sous leur charme ».

Ce qui fait dire au Pr Louison Essomba, enseignant en sciences politique à l’université de Douala qu’« Il y a une réelle difficulté pour les partis de l’opposition à s’unir. Mais, nous pensons qu’avec la masse critique qui s’est inscrite sur les listes électorales, et si tous retirent leurs cartes et vont voter le 12 octobre, il peut y avoir un déclic ». Il insiste d’ailleurs sur le fait que « si les partis de l’opposition vont en rang dispersés et éparpillent leurs énergies, il n’est pas évident qu’ils puissent renverser le parti au pouvoir ». Seulement, reconnaît Luison Essomba, « C’est extrêmement difficile pour ces partis de se mettre ensemble. Or, c’est important, c’est urgent ».

Pour le porte-parole du candidat Akéré Muna, Paul Mahel : « je considère la coalition comme la matérialisation de la volonté d’un peuple camerounais qui n’a de cesse depuis une dizaine d’années d’appeler les leaders de l’opposition à se mettre ensemble. Nous devons pouvoir le faire. Et nous devons réussir à convaincre et mobiliser le souverain suprême qui est le peuple Camerounais pour pouvoir gagner cette élection ».

Se référant à l’élection présidentielle de 1992, où l’opposition n’avait pas qu’une candidature, certains pensent que la candidature unique de l’opposition n’est pas la seule condition pour battre le parti au pouvoir. Etant donné que, « c’est extrêmement difficile bien qu’important et urgent, je plaide personnellement pour une coalition de deux candidats en lice et un candidat éliminé. Une coalition de Bello Bouba Maigari, Issa Tchiroma Bakari et Maurice Kamto.  Ces trois associés, et dans un esprit gagnant, peuvent faire plus mal que toute autre candidature », note Parfait Bvoum, analyste politique.

En attendant l’aboutissement des coalitions dont les tractations sont en cours çà et là, les candidats à la présidentielle multiplient des alliances, comme c’est le cas avec le Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (Purs) du candidat Serge Espoir Matomba qui a signé des alliances avec le Parti des écologique camerounais (Pec), avec le président du Cameroon Reformation Party, les associations et la société civile.  Idem pour le Social democratic Front (Sdf) qui, d’après le ministre de la communication du Shadow Cabinet du Sdf, Moïse Nguidjol Ngan, noue des alliances depuis deux ans avec des partis de gauche, les syndicats, afin, d’élargir la coalition.

Blaise Djouokep

Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.

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Présidentielle 2025

Coalition

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