Santé : la grippe saisonnière gagne du terrain au Cameroun

Selon le ministre de la Santé publique, 21,1% des échantillons testés dans le pays se sont révélés positifs entre mi-aout et mi-octobre 2025. Una maladie qui affecte majoritairement les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest et du Nord-Ouest.
Raphael Gérard Mengueme, se souvient de la vilaine grippe qui l’a cloué au lit durant les deux dernières semaines du mois de septembre 2025, à Douala. « Au début, j’ai cru que j’avais simplement inhalé de la poussière. Mai, les symptômes, fatigue, écoulements nasaux, fièvre ne passaient pas. J’ai fini par paniquer et je me suis rendu en pharmacie cinq jours plus tard. Il a fallu deux semaines de traitement antipaludique et antigrippal pour aller mieux », raconte ce jeune cadre de banque.
À Yaoundé, Sandrine N (nom d’emprunt), n’a pas été épargnée. Après avoir été surprise par la pluie dans la nuit du 12 octobre 2025, elle a développé les mêmes symptômes deux jours plus tard « tout a commencé par des céphalées accompagnées d’une montée de fièvre. Puis mes narines se sont congestionnées, j’avais vraiment beaucoup de peine à respirer », témoigne la jeune dame à qui le médecin a prescrit un traitement à base de quinine, de vitamine C, de paracétamol et sirop antigrippal.
Ce que vivent ces Camerounais depuis plusieurs semaines n’est pas un simple rhume. Dans un communiqué daté du 15 octobre 2025, le ministre de la Santé publique (Minsanté), Dr Manaouda Malachie, a confirmé la recrudescence de la grippe saisonnière dans le pays.
Sur 850 échantillons analysés au total, 179 cas positifs à la grippe, soit un taux de positivité de 21,1 %. « Nous recevons deux fois plus de patients qu’à l’ordinaire. La majorité présentent les mêmes signes : fièvre, toux sèche, douleurs musculaires », explique Madeleine Tagne, une infirmière interrogée à Yaoundé. Et selon le Minsanté, les virus identifiés sont A(H1N1), A(H3N2) et B/Victoria.
Les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest et du Nord-Ouest sont les plus touchées. « Cela peut s’expliquer par le fait que ces cinq régions du pays sont celles les plus densément peuplées et en plus, elles abritent les grands axes de mobilité urbaine. De ce fait, la circulation des virus de la grippe y est favorisée par le brassage des populations », explique une source au Centre Pasteur du Cameroun (Cpc).
Ce dernier ajoute que cette flambée du virus de la grippe est aussi liée aux conditions climatiques. « Nous sommes en saison pluvieuse et à cause de l’humidité, des variations de températures et parfois de la promiscuité, le virus de la grippe parvient à survivre longtemps. Sans oublier que les espaces clos et mal aérés sont des milieux qui favorisent l’incubation et la durée de vie du virus », précise l’épidémiologiste.
Une tendance déjà observée en 2024 car selon les données du Bulletin épidémiologique du Cameroun (Bec) de 2024, sur les 4784 échantillons attendus au cours de cette année, 4738 échantillons (soit 99%) ont été acheminés et 3920 (82,7%) analysés au Cpc avec un taux de positivité de 14,3%. La courbe de positivité avait atteint un pic de 48,8% à la 33e et 42e semaines épidémiologiques. Les germes identifiés en 2024 étaient le type A (82,1%), comprenant les sous-types A/H1N1 et A/H3N2 et le sous type B/Victoria (17,1%). La vague de 2025, avec 21,1 %, reste donc dans la moyenne saisonnière, mais souligne une activité virale soutenue.
Le Minsanté invite les populations à maintenir les gestes barrières : Porter un masque dans les lieux publics fermés, se laver fréquemment les mains, tousser ou éternuer dans le pli du coude, éviter les contacts étroits avec les personnes malades, consulter rapidement en cas de fièvre ou de difficultés respiratoires.
Mélanie Ambombo