En raison de blocages nationaux liés aux difficultés d’approvisionnement du prestataire, la production des permis de conduire à l’Ouest s’enlise, plongeant usagers et auto-écoles dans la frustration.

Bienvenue Tchouala, jeune commercial dans une entreprise de distribution de produits agroalimentaires basée dans la capitale régionale de l’Ouest, est au volant de son véhicule en direction de Bafoussam, comme il en a l’habitude depuis six mois. Au poste de contrôle, à la sortie de la ville vers Foumban, il est arrêté par des éléments de la gendarmerie pour un contrôle des documents du véhicule et de ses pièces personnelles. Un seul élément manque à l’appel : son permis de conduire catégorie B.

À la place de ce document indispensable, le jeune homme, qui cumule un an d’activité, présente un récépissé prorogé à plusieurs reprises. Un motif suffisant pour être interpellé par le gendarme. « Ce n’est pas de ma faute si je n’ai toujours pas reçu mon permis de conduire », explique-t-il, visiblement agacé. Finalement, après avoir mis la main à la poche, il récupère ses documents. « Cela fait plus d’un an et demi que j’attends mon permis, alors que j’ai suivi toutes les étapes nécessaires », confie-t-il.

À Bafoussam, plusieurs auto-écoles déplorent cette situation. « J’ai plus d’une dizaine de permis en attente depuis janvier 2024 », déplore un promoteur d’auto-école. Une lenteur administrative qui nuit à la réputation des centres de formation. « Comment les clients peuvent-ils nous faire confiance ? », s’inquiète un autre  formateur.

En l’absence du délégué régional du ministère des Transports de l’Ouest (Mintransports), seul habilité à s’exprimer, une source non officielle indique que plus de 5 000 permis de conduire, toutes catégories confondues, sont actuellement en attente de production dans la région. « Le problème n’est pas propre à l’Ouest, c’est un blocage national », précise-t-elle. Ajoutant que le prestataire chargé de la fabrication des permis rencontre des difficultés d’approvisionnement.

En juin 2025, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, Mintransports, a signalé un fort ralentissement dans la production des titres de transport, notamment les permis de conduire et les cartes grises. Il l’explique par un engorgement des services, provoqué par la digitalisation des procédures. Lancée en décembre 2024 pour simplifier les démarches, cette réforme a entraîné, selon le membre du gouvernement, un afflux massif de demandes, dépassant largement les capacités logistiques disponibles.

Pour résorber les retards, le ministre a annoncé des mesures correctives applicables dès juillet 2025, parmi lesquelles un approvisionnement régulier en supports sécurisés, un renforcement technique de l’impression 24h/24 et le traitement accéléré de toutes les demandes en attente.

Aurélien Kanouo Kouénéyé