Ouest : Plus de 4 mille enfants de zéro-dose enregistrés au premier semestre 2025
Selon la coordination régionale du Programme élargi de vaccination de l’Ouest, le non-respect du calendrier vaccinal est à l’origine des épidémies dans cette région.
La petite Anaïs, âgé de 7 mois, n’a pas encore eu sa première dose du vaccin Bcg, contre la tuberculose. Ses parents n’ont jamais daigné respecter le calendrier vaccinal de leur premier enfant. Une décision motivée selon Joseph, le chef de famille, par les convictions religieuses. « Tout est grâce. Nous sommes de simple gardien », lâche ce trentenaire installé dans la localité de Lafé dans l’arrondissement de Bafoussam 2 à l’Ouest.
Contrairement à ce dernier, Alain K, un autre père de trois enfants, est plutôt méfiant face à la gratuité de certains vaccins destinés aux enfants. « Je ne comprends pas pourquoi l’Etat nous oblige à faire vacciner nos enfants. Est-ce que ces choses qu’on veut donner à nos enfants gratuitement sont bien pour leur santé », s’interroge cet habitant de Bamougoum, qui confie n’avoir jamais songé à faire vacciner ses enfants.
Dans cette partie du pays, ces cas de défiances vaccinales ne sont pas isolés. Selon la coordination régionale du Programme élargi de vaccination (Pev) de l’Ouest, plus de 4500 enfants âgés de moins de six mois n’ont reçu aucune dose de vaccin au cours du premier semestre 2025. Cette situation expose d’ailleurs ces enfants non vaccinés aux maladies aux conséquences potentiellement dévastatrices, créant ainsi des conditions favorables à certaines épidémies enregistrées, comme le signale le Dr. Edith Valerie Kuate Kamga, coordinatrice Ouest du Pev. « L’Ouest a enregistré au premier semestre 2025, 131 cas de rougeole confirmés, notamment dans les districts de santé de Bangangté et Penka-Michel », a-t-elle déclaré. Pourtant, soutient Dr. Edith Valerie Kuate Kamga, le vaccin pouvait permettre de lutter contre cette épidémie.
A l’Ouest, indique le Pev Ouest, 9 districts de santé représentent plus de 80% des zéro dose de la région. Il s’agit des districts de santé de Bandjoun (652), Batcham (510), Dschang (469), Bangangté (444), Penka-Michel (434), Bafang (367), Baham (355), Galim (326) et Malentouen (265).
Selon le Programme élargi de vaccination, « la pandémie de COVID-19 a significativement amplifié l’hésitation vaccinale, notamment dans un contexte de prolifération de la désinformation, de la mésinformation et des rumeurs, particulièrement via les réseaux sociaux ». Il ajoute que : « des études socio-anthropologiques attribuent cette intensification de l’hésitation à un déficit de connaissances, à la crainte des effets secondaires, aux croyances religieuses ou traditionnelles, à l’influence des réseaux communautaires, et aux problèmes liés à l’offre de services ».
L’Organisation Mondiale de la Santé note une défiance vaccinale comme un problème majeur de santé publique. « La reconstruction de la confiance envers les vaccins est, par conséquent, essentielle », a-t-elle prescrit.
Aurélien Kanouo Kouénéyé








