Santé : Le Cameroun veut renforcer ses financements

Le pays a annoncé le 24 juillet 2025, vouloir endosser 95% des maladies couvertes par la Facilité internationale d’achat de médicaments contre 5 % pour Unitaid. Une décision questionnable dans un contexte de sous financement du secteur de la santé.

Au cours de la quatrième session du Comité de suivi de la coopération Cameroun–Unitaid tenue le jeudi 24 juillet 2025 à Yaoundé, le Cameroun a manifesté sa volonté de renforcer sa souveraineté sanitaire. Un engagement matérialisé par la décision de financer désormais les maladies couvertes par la Facilité internationale d’achat de médicaments (Fiam) à 95 %, contre 5 % pour Unitaid, une organisation qui facilite l’accès aux médicaments.

Cette ambitieuse décision soulève toutefois des interrogations sur la soutenabilité financière de cette initiative à travers plusieurs signaux. En 2025, le Cameroun a consacré 297,199 milliards F Cfa, au secteur de la santé, soit à peine 4% de son budget national estimé à 7 317,7 milliards F Cfa.  Un financement largement inférieur au 15% recommandé par la Déclaration d’Abuja de 2001 à laquelle le Cameroun est signataire. De plus, le pays peine à honorer ses autres engagements. Par exemple, le cofinancement des vaccins avec Gavi, connait des retards dans le paiement de sa contrepartie nationale pourtant obligatoire.

« S’engager à assurer 95% des dépenses liées à la lutte contre les grandes maladies telles le VIh-Sida, est un acte fort dans la démonstration de souveraineté.  Mais pour un impact réel, et loin des discours, il faut un impact réel, une vraie volonté politique avec des actes concrets en augmentant par exemple l’enveloppe budgétaire allouée à ce secteur », analyse le Dr Pierre Samba Manga, chercheur en politiques sanitaires.

Présidée par le Conseiller technique N°3, Dr Florence Zeh Kakanou, cette rencontre qui a réuni de nombreux responsables sectoriels et partenaires techniques, et qui intervient dans un contexte marqué par la rareté des financements et le désengagement progressif de plusieurs bailleurs de fonds, a révélé plusieurs dysfonctionnements. Tels que le virement par le ministère des Finances de la quote-part de 10 % collectée entre 2016 et 2018 qui est toujours attendu. « Ce retard prouve que dans la gestion des finances publiques au Cameroun, la santé n’est pas prioritaire », tranche Dr Paul Tassé.

Il a aussi été révélé le non-respect du plan de travail annuel avec pour menace, le risque de fermeture du compte de gestion et les retards persistants dans l’élaboration des plans d’action des différents programmes, que le Dr Paul Tassé impute à un déficit de planification stratégique. « Le Cameroun court le risque de perdre la confiance de ses partenaires financiers et techniques. Et si cela arrivait, sans de véritables fonds, le pays peut se retrouver sans aides réelles, une situation sanitaire du pays qui s’annonce désastreuse », prévient une source au Minsanté.

Il y aura donc une perturbation dans l’approvisionnement des médicaments essentielles dans la lutte contre les maladies et un grand retard dans la mise en œuvre de la couverture santé universelle (Csu), ajoute le Dr Pierre Samba Manga. Comme solution pour contourner ces dysfonctionnements, ce chercheur en politiques sanitaires recommande de revoir à la hausse le budget alloué à la santé, de prioriser la santé dans la planification budgétaire nationale, entre autres.

Mélanie Ambombo

Mots – clés :

Santé

Financement

Minsanté

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