Hépatite B : Près de 28% de femmes enceintes touchées au Cameroun
Pour lutter contre l’évolution de cette maladie, le Cameroun a adopté en février 2025, la vaccination dès la naissance des enfants nés de mères contaminées. Les médecins recommandent de l’introduire dans les priorités de santé.
A l’Hôpital de district de Sa’a, Princesse Alima, infirmière, accueille chaque mois, de nombreuses femmes enceintes en consultation prénatale. « Rares sont celles qui ont des informations sur l’hépatite virale B. Face à ce manque d’informations sur la maladie, presque toutes refusent de passer le test lorsqu’on le leur propose », témoigne cette infirmière.
Et pourtant la prévalence observée chez les femmes enceintes n’est pas négligeable. Selon
Le ministre de la Santé publique, plus de 28% de femmes enceintes au Cameroun sont infectées par cette maladie. « Cela signifie qu’au Cameroun au moins une femme enceinte sur 10 est porteuse de la maladie », explique Dr Aline Maboum, résidente en gynécologie
L’Organisation mondiale de la santé (Oms), rappelle que les principales voies de transmission de l’hépatite B dans le monde sont la transmission de la mère à l’enfant au moment de la naissance (transmission verticale) ainsi que la transmission horizontale au cours de la petite enfance. « En l’absence de toute intervention de prévention, le risque de transmission de la mère à l’enfant est compris entre 70 % et 90 % pour les mères qui présentent une charge virale du VHB élevée et entre 10 % et 40 % pour celles chez qui le test de recherche de l’AgHBe est négatif », indique l’Oms.
En 2024, le taux de prévalence de cette maladie transmissible par rapport sexuel et par le sang était de 5,7 %. Soit 17 382 personnes dépistées positives à cette maladie sur 306 237 tests de dépistage effectués. Pour lutter contre l’évolution de cette maladie et en droite ligne avec la stratégie du gouvernement visant à éliminer la transmission mère enfant du Vih, de la Syphilis et des hépatite virales, le Cameroun a adopté depuis le 20 février 2025, une mesure visant à administrer gratuitement le vaccin contre l’hépatite B dans les 24 heures suivant l’accouchement, dans les établissements de santé offrant des services de vaccination et d’accouchement. Ce vaccin introduit depuis 2005 dans le Programme élargi de vaccination (Pev) via le vaccin pentavalent, était jusqu’alors administré à partir de six semaines et soutenu par l’Alliance Gavi.
Malgré cette avancée, des défis majeurs subsistent. Selon Dr Paul Tassé, médecin généraliste, des milliers d’accouchements se font encore à domicile. Il rappelle qu’en 2024, 39 180 accouchements communautaires ont été enregistrés sur le plan national échappant à tout contrôle médical. « Aussi, le transport du vaccin dans les zones reculées et rurales, le manque de personnel formé pour la cause, entravent la prévention contre cette maladie », poursuit Dr Paul Tassé.
Autre maillon faible de lutte contre cette maladie selon ce médecin généraliste, le dépistage des femmes enceintes, qui n’est pas encore systématique. En plus, ce test n’est pas souvent disponible dans certaines formations hospitalières. « Avec l’ampleur que prend l’hépatite virale B, les politiques publiques doivent pouvoir l’introduire dans les priorités de santé telles que le paludisme et le Vih. Il faut également généraliser son dépistage, introduire la vaccination à la naissance et assurer la prise en charge intégrale des mères à forte charge virale, pour espérer éliminer cette maladie », suggère Dr Paul Tassé.
Mélanie Ambombo







