Ouest : 5 milliards de F Cfa pour réhabiliter l’axe Bafoussam–Foumban
L’annonce de la réhabilitation de cet axe stratégique nourrit l’espoir d’une amélioration durable, malgré le scepticisme persistant des usagers sur la durée et la qualité des travaux.
Parcourir les 70 kilomètres qui séparent Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest, de Foumban dans le département du Noun, relève d’un parcours du combattant. Cette route est parsemée de nids-de-poule, le tronçon est impraticable et le bitume a disparu à l’entrée de la « cité des arts ». Pourtant vital pour rallier le département du Noun, la région de l’Adamaoua et la capitale du Tchad N’Djamena, cet axe est en état de dégradation avancée.
De quoi susciter le mécontentement des usagers. « Nous sommes abandonnés », lâche un habitant de Foumban. « Une fois la sortie de Bafoussam franchie, c’est le calvaire qui commence. Il faut négocier chaque trou sur une chaussée qui se dégrade de jour en jour », déplore Mathieu Bouda, un transporteur interurbain.
Cette situation impacte directement les coûts et la durée des trajets. Le prix du billet a doublé, atteignant 1500 F Cfa, alourdi par la hausse du coût du carburant et les pannes fréquentes. « Nous perdons nos amortisseurs sur cette route. Certains chauffeurs ont même abandonné », confie Adamou, un conducteur.
Face à cette dégradation, révèle Etchu Manfred Tabe, délégué régional des Travaux publics pour l’Ouest, l’Etat a décidé d’allouer une enveloppe de 5 milliards de F Cfa pour réhabiliter cet axe. « Il ne s’agit pas d’une reconstruction complète. Il est question de traiter les nids de poules et de réaliser certains travaux confortatifs », explique-t-il.
Mais cette annonce divise les usagers. Certains y voient une solution aux souffrances des usagers, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une résolution temporaire, inefficace à long terme. « Cette route mérite sa reconstruction. Le fait de vouloir traiter les zones dégradées ne nous permet pas de sortir définitivement de la situation actuelle », croit savoir Inoussa Adoulahi, un conducteur interurbain.
Consultant en développement local, Pierre Sonkeng pense que le scepticisme des usagers reste légitime. « Le Cameroun a souvent du mal à respecter les délais annoncés. Les promesses non tenues et les chantiers qui traînent entretiennent le doute », reconnait-il. Selon lui, les difficultés de trésorerie, les retards de paiement et la mauvaise évaluation des coûts, sont souvent les causes de cette situation. Il recommande une communication régulière et transparente. « Informer les populations des progrès et des obstacles, même en cas de retard, peut aider à réduire le scepticisme de la population », prescrit l’expert.
Ce projet s’ajoute à celui de la falaise de Dschang, dans la même région, effondrée en novembre 2024. Les travaux, évalués à plus de trois milliards de F Cfa, ont été confiés à China First Highway Engineering Corporation. Un nouveau tracé de 367 mètres a été retenu après études géotechniques. L’entreprise est à pied d’œuvre malgré une pluviométrie qui ralentit l’avancement, a relevé le ministère des Travaux Publics.
Aurélien Kanouo Kouénéyé
Partager la publication "Ouest : 5 milliards de F Cfa pour réhabiliter l’axe Bafoussam–Foumban"







