Crise post-électorale : Manifestation pro-Tchiroma à la Briqueterie

Le 20 octobre 2025, des partisans  du candidat du Front pour le salut national du Cameroun, ont tenté de réclamer sa victoire à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Une mobilisation vite dispersée par les forces de l’ordre.

Dans le taxi, ce lundi 20 octobre, à la sortie du Palais des Sports au quartier Warda à Yaoundé, une toux sèche gagne le conducteur et les passagers. La gorge est irritée et les yeux picotent. « C’est le gaz lacrymogène qui a été lancé tout à l’heure près de l’Ecole de police », renseigne un passager, la voix encore enrouée. Il affirme que lorsque le gaz de nuage s’est répandu, il a dû abandonner son véhicule stationné non loin.

Sur le bitume, les traces humides et luisantes de ce liquide sont encore visibles. Une étoffe aux couleurs du drapeau national, traine au sol. Pourtant du quartier Warda et ce jusqu’à la Briqueterie, l’ambiance des jours habituels suit son cours.  Les vendeurs de légumes interpellent les passants, les motos klaxonnent, les clients marchandent.

Mais, un détail trahit l’attitude inhabituelle du moment. Beaucoup portent un cache-nez pour se protéger des effets du gaz lacrymogène qui flotte encore dans l’air. Une commerçante ambulante en a fait son commerce du jour en vendant le cache -nez au prix de 200 F Cfa.

Sur les lieux, la présence massive et intimidante des forces de l’ordre impose le silence. Casques vissés, boucliers levés, matraques en main, policiers et gendarmes scrutent la foule d’un œil sévère. Leurs silhouettes, massées devant des camions anti-émeutes, rappellent la tension d’il y a quelques temps. Derrière l’un de ces véhicules, baptisé « Abraham », une gendarme, visage fermé, égrène lentement un chapelet bleu dissimulé dans sa paume.

Selon les riverains, il y a moins d’une heure, un petit groupe de manifestants, drapeau du Cameroun et rameaux de paix à la main avait tenté de défiler, brandissant une grande banderole sur laquelle était inscrit :« nous réclamons notre victoire sortie des urnes du 12 octobre 2025. »

Ces partisans d’Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, selon Mamadou Ali, boutiquier, « sont partis du carrefour Aurore, avançant vers l’école de police ». « Ils criaient des slogans, mais la police est intervenue aussitôt. Certains ont été arrêtés, d’autres ont pris la fuite. Ça n’a pas duré », ponctue Hamza un riverain.

Si les quartiers Warda et Briqueterie ont d’apparence retrouvé leur rythme habituel, à travers les conversations qui reprennent et les activités commerciales qui continuent, il est à relever que tout se déroule avec beaucoup de prudence comme si, sous les gestes ordinaires, couvait encore le souvenir brûlant d’une journée mouvementée qui a vite été réprimée.

Mélanie Ambombo

Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.

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