Huile de palme : la production toujours déficitaire au Cameroun
Avec une production nationale évaluée à 77 630 tonnes au premier trimestre 2025, soit presque trois fois plus qu’au trimestre précédent, le Cameroun ne parvient toujours pas à satisfaire la demande locale qui selon des estimations dépasse le million de tonnes.
La filière huile de palme reste à la peine malgré quelques signaux de reprise. Après une baisse de la production au troisième trimestre 2024, liée au cycle végétatif du palmier et aux mauvaises pratiques agricoles, le secteur a connu un léger rebond au début de l’année 2025. Selon le ministère des Finances, la production nationale a atteint 77 630 tonnes au premier trimestre, soit presque trois fois plus qu’au trimestre précédent.
Mais cette embellie ne suffit pas à masquer la fragilité de la filière. Même avec cette hausse, la production reste inférieure de 10 % à celle de l’année précédente et demeure largement en dessous de la demande nationale. Le pays continue d’importer entre 150 000 et 180 000 tonnes d’huile de palme par an pour couvrir ses besoins.
En 2024, le Cameroun n’a produit qu’entre 350 000 et 400 000 tonnes, selon l’Association des raffineurs et des oléagineux du Cameroun (Asroc), alors que la demande dépasse le million de tonnes. Un déséquilibre structurel que les importations peinent à combler et qui se répercute sur les prix. Le litre d’huile, vendu entre 1. 000 et 1.300 F Cfa, pourrait encore augmenter dans les mois à venir.
Cette situation, explique l’ingénieur agroalimentaire, Foupouapouognigni Mohamed, trouve sa source dans la qualité des semences et la faible maîtrise des techniques agricoles. « La majorité des palmeraies utilisent encore des variétés non améliorées comme Dura ou Pisifera, dont les rendements sont faibles. Les producteurs ne maîtrisent pas toujours le moment idéal de la récolte ni les méthodes d’extraction », explique-t-il.
L’économiste Célestin Tchacounte y voit, lui, le reflet d’une économie nationale essoufflée. « Il faut cesser de se contenter d’explications techniques. Le vrai problème, c’est l’absence d’une politique économique cohérente. Nous importons désormais de l’huile de palme du Gabon, un comble pour un pays au potentiel agricole immense », déplore-t-il.
Pour inverser la tendance, le gouvernement a lancé un plan triennal (2024-2026) de 21,7 milliards de F Cfa destiné à moderniser les plantations, améliorer les rendements et soutenir les petits producteurs. Mais sur le terrain, la relance reste timide. Les experts plaident pour une formation accrue des agriculteurs, l’introduction de variétés plus résistantes et des pratiques culturales plus durables.
En attendant, le Cameroun continue de jongler entre pics de production et pénuries, dans un marché où la moindre fluctuation a des répercussions directes sur le quotidien des ménages.
Mélanie Ambombo







