Enseignements secondaires : Dans la Mifi, les parents misent sur les établissements privés

« Enseignements secondaires» (5/5) Face à la crise de confiance qui frappe les établissements publics, les parents préfèrent de plus en plus les écoles privées à Bafoussam, notamment confessionnelles. Un choix souvent coûteux, mais perçu comme un investissement sûr pour l’avenir de leurs enfants.

Pour le compte de l’année scolaire 2025-2026, Roger L., père de famille, a décidé de retirer son fils du Lycée classique de Bafoussam pour l’inscrire dans un collège privé de la même ville, malgré le coût que cette initiative impose. « Au-delà des résultats, je mise également sur la discipline », justifie-t-il. Outre les frais de scolarité, ce père dépense désormais 20 000 F Cfa par mois pour le transport de son fils, une poche de dépenses supplémentaire car au lycée, le transport ne lui coûtait presque rien du fait de la proximité avec son domicile. « Malgré la cherté de la vie, il faut miser sur l’éducation des enfants », dit-il.

Dans un rapport publié en 2024, la Délégation régionale des Enseignements secondaires (Minesec) de l’Ouest, relève que 57 % des élèves du secondaire dans la Mifi sont inscrits dans le privé, contre 43 % dans le public. Une préférence pour le privé qui s’accentue depuis les cinq dernières années, en raison entre autres des résultats affichés. Selon l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC), les établissements privés affichent un taux de réussite de 63 % au baccalauréat, contre 51 % dans le secteur public en 2025. Au Brevet d’études du premier cycle (Bepc), indique la Direction des examens, concours et de la certification du ministère des Enseignements secondaires (MINESEC), session 2025, les établissements privés ont enregistré un taux de réussite de 72 % contre 58 % dans le public.

Déficit d’enseignants 

En effet, contrairement aux établissements publics qui connaissent un déficit du personnel enseignant, le problème ne se pose pas dans les collèges privés, où les enseignants semblent plus assidus.  En plus du déficit d’enseignants titulaires, la Délégation départementale du Minesec/Mifi (2024–2025) déplore les effectifs pléthoriques, avec des classes de plus de 90 élèves dans le lycée. Pire encore, la ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga signalait en novembre 2024, que 1509 enseignants étaient absents de leur poste. « Les enseignants sont plus disciplinés dans le privé, certains restent à leur poste pendant plusieurs années, en assurant un suivi rigoureux des élèves », témoigne Élise N, un parent d’élèves.

Le privé se trouve donc être la meilleure option, un choix qui reste néanmoins un pari financier audacieux. Les dépenses d’un trimestre varient entre 80 000 et 150 000 F Cfa, en fonction dés établissements, indiquent des parents interrogés. « C’est un énorme effort financier, mais au moins, je dors tranquille en sachant que mes enfants sont bien encadrés », témoigne Élise N., une vendeuse au marché A, qui a dû contracter un prêt pour que ses deux enfants continuent leur scolarisation dans un établissement confessionnel.

Selon Mathieu Tchouamo, un proviseur à la retraite, le privé s’impose de plus en plus comme le dernier rempart d’une éducation de qualité, même au prix de lourds sacrifices familiaux, dans un contexte où l’école publique peine à remplir son rôle d’ascenseur social.

Aurélien Kanouo Kouénéyé

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.

Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.