Accès à internet : « S’engager à être responsable en ligne »

Dr Bernard Sakah consultant indépendant en Peace building et Digital Right évoque le contexte et des recommandations de l’enquête de Adisi-Cameroun sur la « Dynamique de l’accès à Internet au Cameroun ».

Dans quel contexte a été menée cette enquête d’Adisi-Cameroun sur la dynamique de l’accès à internet au Cameroun ?

Au Cameroun et surtout en 2021, on était dans un contexte de Covid-19 qui a obligé les Camerounais comme les autres personnes dans le monde entier à être beaucoup plus présents en ligne que par le passé. Mais aussi dans un contexte un peu plus sensible politiquement, parce que quand il s’agit de droits numériques ou l’accès à internet, c’est aussi des notions qui concernent beaucoup plus notre démocratie et les libertés d’expression, d’association. C’est donc dans ce contexte qu’on a travaillé et qu’on a aussi essayé de voir quelles sont véritablement les tendances de l’accès à l’internet au Cameroun, les défis, mais beaucoup plus les solutions qu’il faut pour redresser ces challenges.

Quelles sont justement ces tendances-là ?

On trouve que plus de 9 millions de Camerounais sont aujourd’hui connectés et plus de 90% de ces camerounais sont connectés par les téléphones mobiles. On trouve aussi que plus de 4 millions de camerounais sont présents sur les réseaux sociaux et surtout Facebook. En dehors de ça, on trouve qu’il y a beaucoup plus d’hommes présents dans les espaces numériques que les femmes. Il y a plusieurs défis qui ne permettent pas aux Camerounais d’avoir l’accès à internet et ils ne peuvent pas mener leurs activités en ligne comme ils le souhaiteraient. Aujourd’hui, on parle d’une économie numérique qui ne peut pas vraiment se développer sans un accès véritable à internet.

Quelles sont les difficultés liées à l’accès à internet ?

Les personnes interviewées ont parlé des coûts très élevés d’internet, l’absence d’énergie électrique, les fakenews, le piratage informatique, les discours haineux. Il y a également la loi de 2014 sur le terrorisme qui ne permet pas à certains de mener certaines activités en ligne, car ils ont peur de s’exprimer à cause de cette lois-là. Aussi, les structures mises en place pour la régulation d’accès à l’internet et des questions de sécurité ne le font pas.

Quelles sont les solutions proposées par Adisi-Cameroun pour pallier ces problèmes ?

La meilleure solution qu’on propose et fondée sur le résultat des recherches menées, c’est une action multi sectorielles car on a plusieurs parties prenantes qui doivent s’engager à assurer que les Camerounais ont une bonne présence et l’accès à internet, mais aussi que les Camerounais peuvent mieux mener leur activité en ligne. A côté de cette action collective, au niveau individuel, il faut que chaque camerounais s’engage à être responsable en ligne et aider les autres à l’être.

Dr Bernard Sakah, expert droits numériques

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo

*Version originale parue dans le Quotidien Le Jour

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