Accès à l’eau potable : 52 points d’eau sur 101 hors service à l’Ouest
Dans la région de l’Ouest Cameroun, une enquête menée dans 10 communes révèle que plus de la moitié des points d’eau sont non fonctionnels. Entre autres causes, le manque d’entretien des points d’eau existants.
À Bamessengue, dans l’arrondissement de Mbouda, Madeleine Youmbi récolte l’eau de pluie avec ses trois petits-fils pour un usage domestique. Une pratique courante, devenue une nécessité, en raison du non-fonctionnement de l’unique forage d’eau situé à proximité, qui devrait alimenter ce quartier en eau fiable. « Ce forage n’a fonctionné que quelques années », déplore-t-elle. Depuis que ce point d’eau est en panne, cette famille s’approvisionne dans des puits ou des installations précaires créées par des particuliers, en l’absence des pluies et en saison sèche.
Cette situation est loin d’être un cas isolé. Une enquête du Réseau dynamique citoyenne, dans le cadre du projet « J’agis pour l’eau », révèle que sur 101 points d’eau recensés dans 10 communes de l’Ouest, notamment, trois communes de la Mifi, Mbouda, Bangangté, Pète-Bandjoun, Bayangam, Foumban, Babadjou, 52 sont hors service. Dans la commune de Bafoussam 3ᵉ, par exemple, 27 points d’eau réalisés pour 4,76 millions F Cfa sont inutilisables, a déclaré le Dr. Hugues Pojume, coordonnateur Ouest du Réseau dynamique citoyenne.
Selon Martin Naoussi, observateur des politiques publiques, le problème vient aussi de l’absence des comités de gestion communautaire ou non seulement du manque de structuration quand ils existent. « Les infrastructures ne sont pas entretenues. Les populations ne prennent pas conscience de l’importance de s’en occuper », déplore-t-il.
Dans la même logique, Dr. Pojume insiste sur la nécessité de responsabiliser les bénéficiaires. « Le développement doit partir de la base. Les populations doivent s’approprier et entretenir leurs points d’eau », dit-t-il. Il cite également deux forages prévus dans les budgets publics 2017 et 2022 à Pète-Bandjoun qui n’ont jamais vu le jour, au détriment notamment du Collège Saint Joseph de Bandjoun. Cette réalité est justifiée par le fait que l’entreprise chargée de la réalisation de ces ouvrages a été frappée de forclusion, selon l’un des adjoints au maire de Pète-Bandjoun.
Face à l’urgence, le Réseau prévoit d’enquêter sur les causes réelles de la non-fonctionnalité de ces ouvrages afin de déceler les malfaçons, les détournements ou l’abandon pur et simple. Selon Dr. Pojume, une mobilisation citoyenne est plus que jamais nécessaire pour garantir un accès durable à l’eau potable.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







