Commerce : Les enfants prennent d’assaut les rues de Douala

Se nourrir, subvenir aux besoins de la famille et préparer la rentrée scolaire sont entre autres objectifs des parents qui envoient leurs progénitures dans la rue. Un phénomène qui, d’un point de vue sociologique, est dû à de nombreux facteurs, dont l’absence de politiques publiques efficaces.
Les pluies viennent de s’achever. Yves M, âgé de 13 ans, profite de ce temps d’accalmie pour présenter sa marchandise aux passants. Avec un panier contenant des bonbons et chewing-gums en main, le pré adolescent sillonne les rues de Douala pour écouler sa marchandise. Il est accompagné de trois de ses amis, qui comme lui, profitent de cette période de vacances pour se faire un peu d’argent. « Chaque jour, je dois vendre assez pour acheter à manger. Le reste de mes revenus, je le remets à ma mère », confie Yves.
Contrairement à Yves, Kévin, âgé de 13 ans également, est à sa première expérience. « Ce matin, je suis parti de New Bell (un quartier situé dans le 2e arrondissement de Douala) pour Deïdo (au 1er arrondissement), où je trouve facilement mon compte. Je vends de 9h à 18h. Je le fais parce que je dois économiser de l’argent pour aller à l’école », affirme Kévin.
A en croire ces enfants travailleurs rencontrés dans les rues de Douala, leur objectif est de participer à leur éducation, et pour certains, aux charges domestiques. « J’ai 04 enfants et 03 d’entre eux travaillent pour aider à la maison. Ils rapportent en moyenne 2 000 F Cfa par jour, soit en moyenne 48 000 F Cfa par mois. Ce n’est pas beaucoup, mais chaque centime compte », témoigne Irène S, commerçante au marché New Deido.
Malgré les retombées, ces activités auxquelles sont soumis les enfants est une peine pour certains parents. « Les enfants portent un poids énorme sur leurs épaules. Ils ne devraient pas avoir à se soucier de l’argent à leur âge. C’est très dur de voir ses enfants travailler dans la rue, mais nous n’avons pas d’autre choix. Nous espérons qu’ils pourront arrêter un jour », regrette Haroun D, un parent.
Bien qu’encourager par certains parents, le travail des enfants est proscrit au Cameroun. La loi n°92-007 du 14 août 1992, portant Code du travail révèle que seules les personnes adultes doivent exercer un travail, fixant néanmoins à 14 ans, l’âge minimum à l’embauche.
Selon Collins Sof Tafem, sociologue, plusieurs facteurs sont à l’origine du commerce exercé par les enfants. Outre la pauvreté et l’augmentation du coût constant de la vie, Collins Sof Tafem évoque : « Une certaine déresponsabilisation parentale», mais aussi l’absence de politiques publiques efficaces, notamment en matière d’allocations familiales. « Les seules personnes qui en bénéficient sont les employés du secteur public et quelques privilégiés du secteur privé qui ont à la fois une affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et des allocations familiales. Cela accentue la précarité de nombreuses familles et favorise le recours au travail des enfants », conclut le sociologue.
Hyacinthe TEINTANGUE (Stagiaire)
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