Conseil régional de l’Ouest : l’inexécution des projets majeurs plombe le bilan 2024

Malgré un budget réajusté à plus de 5,7 milliards de F Cfa, le Conseil régional de l’Ouest affiche un taux global de réalisation de 70,54 % en 2024, justifié par la non-exécution de plusieurs projets jugés prioritaires.

L’année budgétaire s’achève sur une note amère pour le Conseil régional de l’Ouest (Cro). Plusieurs projets inscrits dans le programme d’investissement public sont restés lettre morte. En tête de liste, la construction du siège du Conseil régional, dont le coût était estimé à un milliard de F Cfa.

Le président du Cro, Dr Jules Hilaire Focka Focka, explique cet échec par un désistement de l’entreprise attributaire. « L’entreprise qui a gagné ce marché s’est retirée en raison de l’exigence du paiement d’une caution à la Caisse des dépôts et consignations (Cdec) », a-t-il précisé.

Le même sort a été réservé à la première phase du centre culturel et touristique du Ngouon à Foumban, budgétisée à 54 millions de F Cfa. L’acquisition d’un appareil de radiologie Os-poumons, destiné à l’Hôpital régional annexe de Dschang, estimée à 56 millions de F Cfa, n’a également pas abouti. « Nous avons perdu la carte de crédit parce qu’elle comportait des erreurs. Elle a été renvoyée à Yaoundé pour correction, mais elle n’est jamais revenue », déplore le président.

Selon le Comité régional de suivi participatif du Budget d’investissement public (Bip), plusieurs autres projets affichent un taux de réalisation nul : l’acquisition d’équipements mécaniques pour la découpe de pierres, d’équipements industriels pour la production d’enrobés et de béton, ainsi que les travaux sur la nationale N°5, tronçon Bandja–Banka.

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À la clôture de l’exercice, le Cro a exécuté 3,665 milliards de F Cfa sur les 5,775 milliards de F Cfa prévus. Mais si le fonctionnement a été réalisé à hauteur de 92,46 %, l’investissement, lui, n’atteint que 63,91 %. Une disparité pointée du doigt par Me Négou, rapporteur de la Commission des Finances. « On a mangé plus qu’on n’a travaillé », lâche-t-elle, déplorant une gestion déséquilibrée.

Le problème n’est pas nouveau à l’Ouest. Entre 2021 et 2022, plus de 30 projets y avaient déjà été abandonnés. Blaise Nzupiap, consultant en développement, y voit une conséquence de la mauvaise gestion des finances publiques. Il plaide pour une implication réelle des citoyens. « Les populations doivent être associées à la maturation des projets pour en assurer le suivi », a-t-il signalé.

André Salao, chef de brigade régionale de l’exécution des marchés publics de l’Ouest critique des procédures d’attribution jugées opaques. « Elles sont parfois biaisées, taillées pour favoriser certaines entreprises, au détriment de la qualité et du respect des délais », justifie-t-il.

Aurélien Kanouo Kouénéyé

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