Cette région n’a pas encore enregistré de cas de contamination, mais, les autorités administratives et sanitaires font feu de tout bois pour limiter la propagation du virus. Tous les secteurs passent au peine fin des mesures édictées.

Il faut désormais montrer patte blanche pour accéder à l’hôpital régional de Bertoua. L’unique formation sanitaire de référence de l’Est. Des mesures préventives contre le Covid-19 sont imposées par l’administration de cet hôpital. Chaque usager doit se soumettre au lavage des mains et au test systématique de température avant d’y accéder. « S’il vous plait Madame, les enfants de moins de 15 ans n’entrent plus ici, sauf en cas de maladie. Les instructions sont claires, chaque patient a droit à un seul garde malade », lance le vigile posté à l’entrée ce mardi 31 mars 2020.

Un dispositif mis en place par la directrice de l’hôpital pour contrecarrer tout éventuel cas de contamination. A en croire Dr Huguette Claire Nguélé Meké « La température déjà c’est un premier symptôme qu’il faut rechercher. Raison pour laquelle ce test est obligatoire aux usagers ainsi qu’au personnel ». Les points de lavage des mains sont visibles dès l’entrée et dans l’ensemble des services de l’hôpital. À l’intérieur, il est recommandé le respect des écarts d’un mètre entre usagers et de ne pas s’agglutiner dans les salles. S’agissant du personnel, « le port du masque de protection est obligatoire et tout le monde a été briefé sur les symptômes du Coronavirus, et la conduite à tenir au cas où ils seront en face d’un cas suspect. Une équipe d’infirmiers est d’ailleurs prête à intervenir si jamais un cas suspect se présentait », informe Dr Huguette Claire Nguélé Méké.

Pour le moment, le bâtiment devant abriter la deuxième morgue a été transformé en Centre d’isolement provisoire avec 20 lits, en attendant la fin des travaux de celui d’une capacité de 24 chambres en construction juste en face. Dans le même ordre d’idée, la directrice a sollicité les services de deux couturières qui doivent confectionner 600 masques de protection pour le personnel administratif, soignant et cadre d’appui. Entre temps, les pharmaciennes de l’hôpital fabriquent des désinfectants à partir des solutions hydro-alcooliques. Du côté de la morgue, l’accès a été limité à 15 personnes par levée de corps.

 Cellules d’éveil

Comme à l’hôpital régional de Bertoua, « tous les districts de santé de l’Est sont en éveil et disposent des centres d’isolements en cas de cas suspect », informe une source interne à la délégation régionale de la Santé publique de l’Est (Drspe). Selon notre source, « tous les véhicules des différents programmes ont été mis à la disposition du Centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies et endémies de l’Est (Cerple) ». Bien plus, « une cellule d’éveil téléphonique constituée d’environ cinq numéros est en cours d’installation afin de répondre à toutes les préoccupations des populations ».

Pour mener à bien ce combat contre le Coronavirus, Dr Désiré Anicet Mintop, délégué régional de la Santé publique pour l’Est a commencé par sécuriser les zones frontalières de cette région avec certains pays voisins. Il s’est déployé à Ntam, dans le district de santé de Lomié frontalier au Congo-Brazzaville, à Garoua-Boulaï et à Kentzou, localités frontalières à la République Centrafricaine. Au cours de ce périple, il a installé des cellules d’éveil équipées de thermo-flash. Ajouter à cela, l’activation d’un système de gestion des incidents qui met un accent particulier sur la mobilisation communautaire en matière de surveillance, d’investigation, de suivi des contacts et de sensibilisation.

Selon Arthur Fidelis Metsampito Bamlatol, point focal communication à la Drspe et coordonateur de la plateforme des radios communautaires de l’Est, « la région dispose d’un plan de communication qui prend en compte les spécificités régionales notamment la présence des réfugiés Centrafricains, des déplacés internes de la crise anglophone, des pygmées Baka et des Bororos. Pour ce qui est de la lutte contre le Coronavirus, la vingtaine de radio communautaires que compte notre plateforme sont impliquées dans la sensibilisation des populations ». Ces agents sont également mis à contribution pour expliquer les mesures de prévention dans leurs communautés respectives. Grâce aux efforts du ministère de la santé publique, la Drspe a reçue 8 000 affiches de sensibilisation.

Transport interurbain

Sur le terrain, les sectorielles telles que la délégation régionale des transports, celles de la jeunesse, de la promotion de la femme et de la famille, certaines associations et les autorités administratives s’impliquent effectivement. Le 23 mars dernier, le gouverneur de l’Est, Grégoire Mvongo, le délégué régional des transports Bienvenu Ntsana Kamanda, et les responsables sanitaires de la région ont effectué une descente dans les agences de transport interurbain de la ville de Bertoua pour s’assurer du respect des mesures prises par le gouvernement pour éviter la propagation du virus. Ils ont recommandé aux responsables de ces agences de voyage de se munir chacun d’un Thermo-flash qui permet de contrôler la température des voyageurs en partance de Bertoua, et même ceux qui arrivent dans la ville, dans le but de détecter tout cas suspect de Coronavirus.

Le gouverneur et sa suite ont également demandé que le nombre de passagers par bus de 70 places soit réduit à 50. Et le bus qui compte 40 places à 30 personnes. Pour ce qui est de la prévention, « il est simplement question de respecter les règles d’hygiène édictées par le gouvernement et l’Oms », conseille Marius Soho Njenkam, du service de la surveillance et la lutte contre les épidémies de la Drspe. Dans l’ensemble de la région, la fermeture des débits de boissons est prévue à 18 heures et les rassemblements de plus de 50 personnes sont également interdits. Malheureusement, les populations peinent à changer de comportements face à ces mesures.

Ange-Gabriel Olinga Beng à Bertoua

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