COVID-19 : Une dizaine de structures de distribution scellée à Douala
Luc Magloire Mbarga Atangana

Fermées pour hausse illicite des prix et dissimulation des stocks des produits par la délégation régionale du Commerce pour le Littoral, dans le cadre de la riposte contre la crise sanitaire, les responsables de ces entreprises sont passibles d’un emprisonnement et d’une amende de 400 mille à 20 millions F Cfa, tel que le prévoit le Code pénal sur la « Pression sur les prix ».

« C’est déplorable, c’est même à la limite criminel qu’un commerçant profite de la crise sanitaire pour se faire de l’argent », s’indigne Hilaire Flavien Foumane, le chef de la Brigade des contrôles et repressions des fraudes à la délégation régionale du Commerce pour le Littoral, face au comportement cynique des commerçants. Ces vendeurs profitent de la crise sanitaire, engendrée par la pandémie de Covid-19 qui a déjà infecté 233 personnes et fait 6 morts au Cameroun (1er Avril 2020), non seulement pour dissimuler des stocks, mais également pour doubler, voire, tripler les prix des produits de grande consommation.

En effet, depuis que le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour limiter la propagation de la pandémie sur le territoire national, les commerçants ont saisi la balle au rebond pour abuser des consommateurs. « Beaucoup de choses ont changé sur le marché », déplore Collecte Ngassa, vendeuse au marché New Deido dans l’arrondissement de Douala 1er.

Dans cet espace marchand, le prix de 25 kg de riz, l’aliment le plus consommé au Cameroun, est passé de 9000 F Cfa à 12 500-13 000 F Cfa. Celui de 50 Kg, de 21 000 à 23 500 F Cfa. Le carton de certaine marque d’huile de palme raffinée, vendu à 15 500 F Cfa oscille entre 16 000-17000 F Cfa. Un sac de 100 kg des arachides est vendu à 60 000 F Cfa au lieu de 50 000 F Cfa, tandis que la boîte est passé en quelques semaines, de 125 à 150, 175 F Cfa.

Le gel hydroalcoolique dont l’utilisation est recommandée dans les mesures d’hygiène contre covid-19, a vu son prix passé du simple au triple. Plus de boîtes de 500 F Cfa comme par le passé. Le moins cher coût 1000 F Cfa. « Nous pensons que si la pandémie passe, les prix vont baisser. Les commerçants détaillants sont obligés d’augmenter le coût si les grossistes font pareil », explique cette commerçante.

Selon les témoignages, les grands importateurs ont décidé arbitrairement d’augmenter les prix et de créer des pénuries fictives, malgré les prescriptions gouvernementales. Les produits principalement concernés, sont les denrées de première nécessité, notamment le riz, sucre, farine, lait, constate la délégation régionale du Mincommerce.

Dans la pratique, confient ces témoins, les grossistes fixent les prix à la tête du client. Les prix homologués sont affichés pour dissuader les contrôleurs. « C’est une fois à la caisse, qu’on est informé du vrai prix, et on est obligé de payer parce que c’est la même pratique chez la plupart des grossistes. Si nous achetons cher, nous sommes obligés de revendre cher », déplore un autre commerçant. Dans cette confusion, même les produits vivriers subissent la surenchère. Cependant, dans le lot, quelques rares semi-grossistes par peur de répression ont conservé les prix homologués.

Sanction     

Dans le cadre de la riposte contre la crise sanitaire, la délégation régionale du commerce pour le Littoral a scellé une dizaine de structures de distribution des denrées alimentaires à Douala. « Actuellement dans la région du Littoral, 4 grands marqueteurs sont fermés depuis plus d’une semaine, jusqu’ au niveau du port. Ce sont des entreprises de très grande distribution. Nous avons plus de 10 moyennes structures qui ont également été fermées. Ils vont subir des sanctions administratives et pécuniaires. En dehors de ces sanctions, selon ce que l’étude de leurs dossiers va révéler, on les mettra à la disposition du procureur de la République conformément au code pénal en son article 256 sur la pression sur les prix », souligne Hilaire Flavien Foumane. Ces distributeurs risquent des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 4 ans et d’une amende de 400 mille à 20 millions F Cfa. « La peine est doublée au cas où les marchandises sont des denrées alimentaires », précise-t-il.

Ces opérations du Ministère du commerce sont menées au quotidien dans le cadre de la maitrise des prix par rapport à la crise sanitaire, afin de mettre les consommateurs à l’abri des spéculations des commerçants. Le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana a procédé à la fermeture à Yaoundé, de nombreuses boutiques et des grandes surfaces, à l’instar de Somafils, Sorepco, Sotracodim, pour hausse illicite des coûts. Près de 300 plaintes ont été reçues à la délégation pour signaler les abus des commerçants. Certains producteurs locaux dont les produits ont subi une augmentation ont été convoqués pour justifier cette inflation subite des prix.

« La situation de crise sanitaire au Cameroun ne doit pas être une source d’augmentation des prix des produits de première nécessité.  Nous devons nous assurer que les prix n’ont pas changé pour la raison de crise sanitaire, les produits doivent être disponibles. D’ailleurs, lors d’une communication du Mincommerce, il a signifié que le Cameroun peut assurer le ravitaillement du marché pendant au minimum 4 mois », affirme cet inspecteur principal.

Après le secteur agroalimentaire, les firmes pharmaceutiques sont dans le viseur des contrôleurs régionaux. Il sera question de vérifier le respect de la mercuriale homologuée par le ministère de la Santé publique. « Il n’est pas question que nous nous faisions de l’argent sur les cadavres. Il faut que les commerçants apprennent à êtres humains », conseille Hilaire Flavien Foumane. Les consommateurs peuvent dénoncer toute pratique commerciale illicite dont ils seraient victimes au 1502.

Marie Louise MAMGUE

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