COVID-19 : Des propositions pour la relance du secteur informel
Une vue du secteur informel au Cameroun

Avec une contribution de près 50% au PIB camerounais, le secteur informel subit les effets de la pandémie du Covid-19. Nkafu Policy Institute estime que les mesures de protection et stabilisation des revenus des pauvres doivent urgemment être implémentées sur le plan conjoncturel.

Au Cameroun, le secteur informel occupe une place importante dans la création de richesse et des emplois. Dans une étude publiée le 28 avril 2020, intitulée « Le secteur informel camerounais à l’épreuve du coronavirus », Nkafu Policy Institute, relève que ce secteur qui emploie 90% de la population active et contribue à plus de 50% du PIB dans le pays, subit les répercussions de la pandémie du Covid-19 depuis la déclaration du premier cas, le 6 mars 2020. Si les mesures du gouvernement et celles relatives au télétravail ont été largement suivies dans le secteur public et le secteur privé formel, remarque ce groupe de réflexion indépendante, il reste que ces dernières ont placé le secteur informel qui se caractérise par des activités précaires, très peu ou pas du tout encadrées qui échappent à la Comptabilité Nationale, devant un véritable casse-tête.

D’après cette étude, la pandémie offre au secteur informel camerounais des challenges et des opportunités. Comme challenge, le ralentissement de l’activité économique pourrait entrainer une perte importante de revenus dans ce secteur. En rappel, le revenu moyen des actifs occupés du secteur informel est de 48 400F CFA par mois, reparti en 58 600 FCFA par mois en milieu urbain et 38 200 FCFA par mois en milieu rural. Inéluctablement, la baisse de revenus aura des répercussions sur les conditions de travail et la productivité des Unités de production informelles (plus de 2 millions au Cameroun), ce qui pourrait affecter la qualité des biens et services produits. S’agissant des opportunités, la crise offre la possibilité d’une transition de l’informel vers un système formel et un vaste marché pour les produits et les services.

Selon Nkafu Policy Institute des mesures pourraient être prises pour soutenir le secteur informel pendant et après cette crise sanitaire. Sur le plan conjoncturel, ce groupe recommande l’implémentation des mesures de protection et stabilisation des revenus des pauvres. Ces actions doivent être davantage orientées vers les zones rurales en ce sens que la majorité des pauvres et la majorité des UPI au Cameroun se retrouvent dans les zones rurales.  On pourrait envisager, pour cette année, des annulations de paiement de toutes les taxes des UPI. Ces dépenses devant être couvertes par le Fonds de Solidarité créé le 31 Mars 2020 dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 au Cameroun. Il suggère aussi de défiscaliser les opérations bancaires (traites de crédit) ou alors donner des incitations fiscales aux établissements de crédit afin de faciliter l’accès au financement des UPI.

Dans le cas où les personnes n’auraient pas une activité économique, la mise sur pied des filets sociaux via des transferts d’argent ou des aides alimentaires permettrait de considérablement limiter le nombre de personnes pauvres susceptibles de basculer dans l’extrême pauvreté. Les autorités locales doivent privilégier l’offre locale dans la commande publique afin de donner une bouffée d’oxygène aux opérateurs locaux. Avec cette pandémie, soulignent les auteurs de cette étude, les inégalités vont se creuser davantage. La pandémie actuelle aura alors des répercussions négatives sur l’accès aux soins de santé pour les populations démunies de ressources économiques, sociales et culturelles en général, et les travailleurs du secteur informel en particulier. La stratégie camerounaise de réduction des inégalités pourrait essentiellement s’appuyer sur la promotion des libertés économiques via une pression fiscale moins prohibitive, le respect des droits de propriétés et la primauté des règles de droit, une taille réduite de l’état dans l’économie couplée à une l’amélioration constante du climat des affaires dans le pays.

Marie Louise MAMGUE

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