Covid-19 :  Les dispositifs barrières obsolètes dans la ville de Douala
Source : DR/Santé Littoral/ DataViz by ADISI-Cameroun

Les habitudes barrières édictées par le gouvernement pour lutter contre la Covid-19, ne font plus partie du quotidien des habitants de la capitale économique, épicentre de la pandémie dans la région du Littoral, qui a enregistré plus de 6 mille cas positifs.

A l’esplanade de la sous-préfecture de Douala 4e,  le dispositif de lavage des main, don du  Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à la ville de Douala, installé le 24 avril  2020 dans le but de faciliter la pratique du lavage des mains dans les lieux publics, ne fait plus courir. Bien qu’aménagé sur un site très fréquenté, il n’est plus du tout utilisé. « Il ne fonctionne plus », lâche un opérateur de saisi posté à proximité en quête des clients, le lundi 28 décembre 2020.  La dame d’une trentaine d’années, ne se souvient plus de la dernière fois où elle a vu un usager s’en servir.

Source : DR/Santé Littoral/ DataViz by ADISI-Cameroun

Ce dispositif de lavage des mains n’est d’ailleurs plus en bon état, 9 mois plus tard. Le cubitainer de 1000 litres d’eau qui alimente les robinets est à moitié plein, son eau usée. C’est l’unique partie de cet appareil qui semble encore être opérationnelle. Les trois robinets à pédale sont hors d’usage. Les récipients installés pour recueillir les eaux usées, sont transformés en bac à ordure. Les installations sont défraichies, détériorées, preuve de leur mauvais entretien.

Objet de curiosité 9 mois plutôt, cet appareil a été installé en grande pompe en présence du gouverneur de la région du Littoral, du Maire de la ville de Douala, et de Jacques Boyer, représentant de l’UNICEF au Cameroun. Il fait partie des 70 unités de lavage des mains offertes à la ville par cette agence onusienne dans le cadre de la riposte contre la Covid-19.

Non loin du don de l’Unicef, les seaux disposés pour le lavage des mains bien qu’étant encore en parfait état sont vides. Une situation qui ne préoccupe guère les usagers. « Se laver les mains n’est plus obligatoire. Je pouvais le faire si c’était le cas », confie Narcisse Aimé Nebou, un usager venu légaliser des documents à la sous-préfecture de Douala 4e. Comme à l’esplanade de la sous-préfecture, la plupart des dispositifs de lavage des mains installés devant les établissements privées ou publics sont soit obsolètes, abandonnés ou non utilisés. « Naturellement je me lave les mains. Mais je ne trouve pas nécessaire d’utiliser les masques, parce que la Covid-19 ne m’effraie pas. Si je l’attrape, je me soigne avec nos décoctions », confie Christelle, une habitante de Douala.

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Wouri

Progressivement à la capitale économique, les habitants ont abandonné les mesures barrières édictées par le gouvernement et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’utilisation des gels hydro-alcooliques, le port des masques, la distanciation sociale et le lavage des mains ont disparu du quotidien d’un bon nombre de la population. « On relève une légère augmentation du taux de positivité due au relâchement des mesures barrières.  J’irai même plus loin, pour souligner que l’appréhension que les Camerounais avaient de cette maladie à ses débuts, a beaucoup changé aujourd’hui. Les gens pensent que la Covid-19 n’existe plus, et c’est là où il faut faire attention, elle existe toujours.  Sur le plan de la riposte, on fait des efforts pour maitriser et contrôler la pandémie pour ne plus avoir des cas positifs ou de décès. Donc, il faut que les gens fassent attention », s’inquiète Dr Etoa Mebara, chef de district de santé de New-bell.

Au vue de l’évolution de la maladie, souligne Dr Hans Mossi Makembe, Incident manager adjoint du système de gestion de l’incident contre la Covid-19 dans le Littoral, même si la population n’a pas peur de la pandémie, elle doit adopter des attitudes qui vont limiter la propagation de la maladie. « Il nous a été rapporté des cas d’agression dans certains supermarchés parce qu’on a imposé le port des masques. Je pense que c’est un réel problème. Il faut que la communauté comprenne que si tout le monde respectait les mesures barrières, on n’enregistrerait plus de nouveaux cas, parce que du point de vue sanitaire, nous avons tout fait pour pouvoir contrecarrer l’entrée des nouveaux cas dans notre pays », relève-il.

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Le département du Wouri qui compte 9 districts de santé sur les 24 de la région, à en croire Dr Hans Mossi, est l’épicentre de la pandémie dans la région du Littoral. Les districts de santé de Deïdo, Mbangue et Cité des palmiers sont les plus touchés.  « C’est vraiment les zones où nous avons enregistré plus de cas et qui nous ont donné du fil à retordre. Il faut souligner que c’est des grands districts de santé, qui ont une grande couverture et qui ont une densité de la population importante », souligne-t-il. Dans les trois autres départements (Nkam, Sanaga-Maritime, Moungo) de la région, quelques cas ont été signalés, dû au mouvement de personne.  Depuis le début de cette crise sanitaire, le Littoral a enregistré un peu plus de 6648 cas positifs (21 décembre 2020), 6091 guéris, 118 décès, 439 cas actifs, 251 personnels de santé et 33 femmes enceintes touchés.

Travaux réalisés pour le compte du projet « Data and Check Covid-19 » avec l’appui de l’AFD, Expertise France et CFI dans le cadre du PAGOF.

Marie Louise MAMGUE

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