Crise anglophone : Plus de 200 mille enfants non scolarisés en 2024

La crise sociopolitique en cours dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, est en train d’hypothéquer une génération entière, selon l’Unicef, enterrant les chances de relèvement pour les prochaines décennies.

Depuis 2016, les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest (Noso) font face à une crise socio-politique marquée par des violences armées. Les séparatistes y ont imposé un boycott de l’éducation entraînant des attaques contre des écoles, des enseignants et des élèves. Neuf ans après le déclenchement de cette crise, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) tire la sonnette d’alarme dans son rapport sur la Situation des enfants au Cameroun publié en juin 2025, qui relève que le taux de scolarisation y est très bas parce que certains enfants n’y vont plus à l’école depuis plus de 5 ans.

En 2024, peut-on lire, 334 000 personnes sont déplacées dans ces régions dont près de 100 000 enfants 74 000 ont cherché refuge au Nigéria. La crise a gravement perturbé l’éducation – 41 % des écoles ne sont pas opérationnelles, ce qui fait que 223 749 enfants ne sont pas scolarisés et que le risque de recrutement dans des groupes armés non étatiques augmente.

En 2018, la Banque mondiale  relevait que ce taux de scolarisation était estimé à 37%. Et pourtant, « en 2016, le taux net de scolarisation ajusté (Tnsa) au niveau national était de 83,1%, les régions les plus performantes affichaient un taux de 95%. Même si je n’ai pas les détails sur les régions anglophones, je peux vous dire que connaissant leur système éducatif solide et rigoureux, elles se situaient dans cette fourchette haute », souffle une source à la cellule de communication du ministère de l’Education de base (Minedub) Selon Semma Valentine, secrétaire général exécutif de la Cameroon Teachers’Trade Union, un syndicat d’enseignant, plus de 160 enseignants ont été tués depuis le début du conflit, une insécurité qui a poussé un nombre important de professeurs à déserter les salles de classe. L’Unicef prévient donc que la crise de l’éducation en cours dans le NoSo est en train d’hypothéquer une génération entière, enterrant les chances de relèvement pour les prochaines décennies.

A lire aussi :  Néonatalogie : Au Cameroun, la prématurité reste un problème de santé majeur

Cette déscolarisation massive dont l’impact économique a été évalué à 4 milliards de dollars en 2021, soit 2.400 milliards F Cfa, par la Banque mondiale, menace durablement la stabilité du pays. « La perte de l’éducation inclut le capital humain, l’économie nationale et les coûts sociaux. Dans le contexte des régions anglophones, cette perte couvre les années scolaires perdues, la réhabilitation des écoles incendiées, la planification des programmes d’éducation en situation d’urgence », précise la spécialiste en sciences de l’Education Mireille Rose Nlaté.  En 2020, l’Unesco dans une étude a prouvé qu’un enfant privé d’éducation pendant cinq ans, perdra environs 35% de ses revenus potentiels.

« Au-delà de mettre fin aux attaques séparatistes, d’autres solutions existent pour que chaque enfant puisse y avoir accès à l’éducation », recommande la spécialiste en sciences de l’éducation. Elle fait allusion à une réelle volonté politique où tous les acteurs s’arrangeront à respecter les engagements éducatifs pris. Elle y ajoute des financements pérennes pour soutenir des stratégies et les programmes et une approche liant l’éducation à la santé mentale et au développement local durable.

Mélanie Ambombo

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.

Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.