Crise post-électorale : Douala à l’arrêt, des pertes estimées en milliards F Cfa
« Crise post-électorale » (1/6) : L’arrêt des activités dans cette ville économique paralyse les activités industrielles, portuaires, aéroportuaires, économiques, impactant l’économie du pays et des pays voisins.
Depuis les manifestations post-électorales du 27 octobre 2025, Douala, la capitale économique du Cameroun, tourne au ralenti. Les tensions qui s’en sont suivies, ont stoppé les activités économiques et industrielles. Un statut quo lourd de conséquences pour l’économie nationale car tout ou presque, part de Douala.
Sur les réseaux sociaux, les messages des commerçants se multiplient. « Bonsoir la maison, nous avons actuellement un problème de ravitaillement. La marchandise est encore à Douala à cause du ralentissement du transport. Merci pour votre compréhension », écrit le 5 novembre 2025, une vendeuse d’un groupe WhatsApp spécialisé dans la vente de la vaisselle et des accessoires de cuisine. Un message anodin en apparence mais qui montre la chaîne de blocage qui part de cette ville.
Pour mesurer l’ampleur du choc, le journaliste économique Aloys Onana, rappelle : « Douala c’est deux zones industrielles, Bonabéri et Bassa, respectivement de 72 et 115 hectares. C’est aussi le Port de Douala d’où transitent en moyenne 11. 000 tonnes de marchandises représentant près de 90% des échanges du pays avec l’extérieur et un aéroport international qui accueille environ 800 000 passagers par an. La richesse produite à Douala est évaluée à 3.092 milliards F Cfa, soit près de 31,2% du Pib national. »
Aujourd’hui, ces chiffres ne semblent plus rien dire avec les usines qui ne tournent presque pas, les livraisons suspendues et les transports interrompus. « Avec près de 100 000 motos -taxis et une recette minimale de 2000 F Cfa pour les non-propriétaires, une inactivité de 3 à 4 jours, induit un manque à gagner d’environ 600 à 800 millions F Cfa pour les propriétaires de moto », explique l’économiste Jean Marie Mbiada. Il ajoute que les vendeurs de carburants voient aussi leurs revenus chuter car chaque mototaxi consomme 3000 à 5000 F Cfa de carburant par jour : « ce qui correspond à un manque à gagner de 3 milliards F Cfa pour les stations-service, et une TVA non perçue par l’Etat », détaille cet économiste.
Au port, la paralysie est tout aussi lourde. Les camions et engins industriels consomment d’ordinaire d’importantes quantités de gasoil. Leur immobilisation, selon les explications de Jean Marie Mbiada, réduit la Taxe spéciale sur les produits pétroliers (Tspp) ; les recettes du Fonds routier et le Budget général de l’Etat. En plus ajoute -t-il, ces engins payent à chaque rotation, « le pont bascule » de 10 000 + Tva. Ce qui correspond à un manque à gagner de 1 925 millions F Cfa de Tva à verser au Trésor pour le mois d’octobre 2025.
Les Compagnies de transport interurbain qui effectue chaque jour une centaine de rotations entre Douala et Yaoundé, perdent au moins 100 millions F Cfa par jour. Quant aux camions qui desservent Bangui en RCA ou N’djamena au Tchad, chaque rotation manquée coûte entre 3 et 3,5 millions F Cfa, en plus des frais de transit d’environ 300 000 F Cfa.
Même la collecte des impôts prend un coup. Sous anonymat, un responsable des impôts du Littoral confie que les conséquences vont se ressentir sur le mois de novembre. « Le manque sera énorme. Si les sociétés brassicoles ne parviennent pas à écouler leurs produits sur Yaoundé et les autres villes, si les cimenteries, les grandes entreprises ne parviennent pas à écouler leurs produits sur l’étendue du territoire » confie-t-il.
Blaise Djouokep







