Cancer : Une vingtaine de femmes dépistées positives au Centre hospitalier régional de Bafoussam
Dans le cadre de la 3ᵉ édition de la campagne gratuite d’« Octobre Rose » organisée dans ce centre hospitalier, plus de 200 femmes ont effectué des tests de dépistage, illustrant une mobilisation croissante et la nécessité d’une prévention renforcée dans la région de l’Ouest.
Assise dans la salle d’attente du Centre hospitalier régional de Bafoussam (Chrb), Jeanne F., la soixantaine, serre ses résultats contre elle. Elle vient d’être diagnostiquée positive au cancer du col de l’utérus à un stade précoce. Aussitôt, elle est orientée vers des examens approfondis pour une prise en charge rapide. « J’ai peur, mais je suis soulagée d’avoir su à temps », confie-t-elle, tentant de calmer son inquiétude dans le couloir du service de gynécologie.
Jeanne fait partie de la vingtaine de femmes déclarées positives lors de cette campagne. Selon le Dr Daniel Ndiankou, gynécologue-obstétricien, 223 femmes ont été consultées pendant cinq jours de campagne, organisée dans le cadre « d’octobre rose », mois dédié à la lutte contre le cancer du sein. Ces chiffres en hausse par rapport aux années précédentes témoignent de l’efficacité des campagnes de sensibilisation et de l’intérêt croissant des femmes pour leur santé, souligne le spécialiste.
Selon le Dr Passang Saïbou, directeur du Chrb, cette forte participation traduit une prise de conscience croissante. « Les dépistages doivent devenir réguliers. Ici, un service spécialisé et un personnel formé sont disponibles toute l’année », a-t-il déclaré. Doté d’un plateau technique renforcé, affirme-t-il, le centre assure la prise en charge et le suivi médical des patientes positives, garantissant une prise en charge précoce.
D’après Hortense Valérie Matsasso Meli, présidente régionale de l’association Tous contre les cancers de l’Ouest, les défis restent immenses. « Depuis janvier 2024, au moins six femmes sont décédées dans la région de l’Ouest. Ce ne sont que les cas suivis à l’hôpital. Beaucoup meurent dans l’ombre, faute de moyens ou d’information, sans compter celles qui se tournent vers les charlatans », déplore-t-elle.
Selon le ministère de la Santé publique (Misanté), plus de 4 200 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués au Cameroun depuis 2022, avec un taux de mortalité élevé. Le ministre, Dr Manaouda Malachie explique cette forte mortalité par un dépistage tardif et un accès limité aux soins spécialisés.
À l’échelle continentale, le constat est tout aussi alarmant. Lors de la Journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février 2025, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, rappelait que plus de 900 000 nouveaux cas et 580 000 décès avaient été enregistrés en 2022. « Sans mesures urgentes, les décès pourraient augmenter de plus de 70 % d’ici 2040 », avertit-elle, soulignant l’urgence d’une action collective et d’un dépistage régulier.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







