Crise sécuritaire : 892 personnes déplacées en deux jours dans le Mayo-Tsanaga
Frappées par une nouvelle vague de violences attribuées aux groupes armés non étatiques, des populations ont été contraintes de fuir leurs localités dans l’Extrême-Nord Cameroun. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, ces attaques ont provoqué de nombreux dégâts.
Dans la nuit du 06 au 07 septembre 2025, la localité de Modoko dans le département du Mayo-Tsanaga, région de l’Extrême-Nord au Cameroun a été prise pour cible. Cette incursion des Groupes armés non étatiques (GANE) a pour bilan: quatre civils tués, quatre blessés actuellement hospitalisés et de nombreux biens emportés tels que des motos, des vêtements et des denrées alimentaires.
La même nuit, rapporte la Matrice de Suivi des Déplacements (DMP) de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les villages de Mandoussa et Ouzal dans le Mayo-Moskota n’ont pas été épargnés. Le bilan y est aussi dramatique : « Quatre personnes enlevées, le centre de santé vandalisé, des dégâts dans le camp militaire, le bureau du curé et sa voiture incendiés, sans oublier les vols de vêtements, de bétails et de vivres ».
Face à cette insécurité, les habitants des localités de Mandoussa, Modoko et Guédjélé ont trouvé refuge dans plusieurs quartiers de Koza Centre notamment Pamba’o, Kondourma, Guid Bala, Guidwayam, Doumbogo, Dourwat, Walade, Kechkeme et Woulad. Au 16 septembre 2025, l’OIM dénombrait 194 ménages déplacés, soit environ 892 personnes hébergées dans des familles d’accueil.
« Ces déplacements massifs ne doivent pas être considérés comme une simple crise humanitaire, mais comme une urgence sécuritaire qui appelle à une intervention immédiate des autorités pour garantir la sécurité des populations affectées », alerte Rodolphe Ze, membre d’une association de défense des droits de l’Homme. Pour Mark Kouayep, sociologue, la recrudescence des attaques dans le département de Mayo-Tsanaga traduit une dégradation grave de la stabilité. Selon lui, l’impunité dont bénéficient ces groupes armés met en danger la vie des civils et compromet le développement local.
Avis partagé par Herman Ngono, juriste, qui insiste sur le fait que « la sécurité dans cette région doit être renforcée de toute urgence. La présence militaire doit être accrue pour dissuader ces groupes armés et protéger les civils. La stabilité ne pourra revenir que par une action coordonnée entre forces de sécurité, autorités locales et partenaires internationaux. »
Entre pertes en vies humaines, enlèvements, destructions d’infrastructures et déplacements massifs, le Mayo Tsanaga illustre une fois de plus la vulnérabilité des populations de l’Extrême-Nord. Depuis plus d’une décennie, les incursions des GANE y ont fait des milliers de morts et contraint des dizaines de milliers de familles à se déplacer, paralysant ainsi toute activité dans la localité.
A cela s’ajoutent les catastrophes naturelles comme les inondations de 2024 qui ont affecté plus de 448 personnes dans la région, aggravant encore la précarité des ménages.
Hyacinthe TEINTANGUE (Stagiaire)







