Au centre d’enrôlement physique d’identification du Littoral à Douala, les usagers en quête de leur carte nationale d’identité attendent pendant des heures pour être enrôlés, tandis que ceux déjà enrôlés n’ont toujours pas reçu le précieux sésame après les 48h indiquées.  

Il est environ 11 heures, ce jeudi 22 mai 2025.  Marie Claire, mère d’une fille âgée de 18 ans, est assise à même le sol sur la véranda du centre de production de titres identitaires de Douala à Bonanjo, dans l’arrondissement de Douala 1^er. Physiquement épuisée, elle attend l’enrôlement physique de sa fille qui veut établir sa carte d’identité nationale (CNI). « Ma fille est venue seule la veille, mais elle n’a pas pu s’enregistrer. Aujourd’hui, j’ai décidé de laisser mes activités pour l’accompagner. Mais vu le monde et la lenteur du processus, je ne sais pas si elle pourra se faire enrouler aujourd’hui », déplore Marie Claire.

Comme Marie Claire et sa fille, plusieurs usagers s’impatientent dans la longue file d’attente. « J’ai fait le pré-enroulement en ligne et j’ai payé les frais. J’ai tous les documents, mais les policiers m’ont refusé l’accès à la salle. Ils disent que je ne peux pas faire ma première carte à 30 ans. Sans autre explication », se lamente Trésor, frustré. Fidèle par contre a été renvoyé parce qu’il ne détient pas son ancien récépissé. « On m’a empêché d’entrer parce que j’avais perdu mon ancien récépissé », explique Fidèle, désemparé.

Boris, qui est à sa deuxième expérience, déplore la lenteur dans le processus d’enrôlement. « Avant, le processus d’enroulement était mieux. On pouvait se rendre dans plusieurs commissariats. Donc, c’était plus rapide, même si la délivrance de la carte pouvait prendre du temps. Maintenant, tout est concentré dans un seul lieu, ce qui complique les choses », relève Boris qui recommande une amélioration de la procédure d’enrôlement physique et la décentralisation des postes d’enrôlement.

Outre la lenteur dans le service d’enrôlement physique, certains usagers déplorent le retard observé lors du retrait, qui va au-delà des de 48h promises par le Délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele. « J’ai quitté ma localité pour faire ma carte ici à Douala. J’ai déjà dépassé deux semaines d’attente, et je n’ai reçu aucune notification pour le retrait. Je suis venu pour avoir des réponses, car le délai initial n’est pas respecté », explique Martin.

Contrairement à Martin, Alida a reçu le précieux sésame après 3 semaines d’attente.  « Après mon pré-enroulement, j’ai attendu trois semaines pour recevoir ma carte. J’ai été enrôlée le 21 avril, et on m’a annoncé que ma carte était disponible le 16 mai », témoignage Alida qui se réjouit de pouvoir enfin disposer d’une CNI.

A en croire un fonctionnaire de police rencontré pendant le reportage qui a requis l’anonymat, le véritable problème réside dans le fait qu’il n’existe qu’un seul centre d’enroulement à Douala pour le compte de 2 régions (Littoral et de Sud-Ouest). Par conséquent, plusieurs demandeurs partent des différentes localités de ces régions pour cet unique poste d’enrôlement. Ce qui entraîne la forte affluence observée au centre et des files d’attente qui s’étendent sur plusieurs heures, voire plusieurs jours.

En rappel, le centre de production des titres identitaires a été inauguré à Douala le 14 mars 2025 avec une capacité de 1 000 enrôlements par jour.  Il est équipé de 120 postes pour servir les régions du Littoral et du Sud-Ouest. Ce centre est le deuxième du genre après celui de Yaoundé, lancé début mars 2025.  L’objectif est de réduire les délais d’obtention des CNI, qui passent de plusieurs années à deux jours.

Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)