Ecoles normales des instituteurs : Seulement 32% équipées en ordinateurs au Cameroun
Selon le Rapport d’analyse des données statistiques du ministères des Enseignements secondaires (Minesec), 2023-2024, les problèmes d’accès à l’électricité qui se greffent à ce déficit d’ordinateurs, hypothèquent la digitalisation de l’éducation.
Pamela A., élève-maîtresse de 2e année dans une Ecole normale des instituteurs (Eni) publiques, de la région du Centre, vient de s’acheter un nouveau smartphone. « C’est tout ce que j’ai pour mes recherches » glisse-t-elle en rageant soigneusement son nouveau « joyaux » sans son sac à main. Elle ajoute que dans son école de formation, il n’a y ni salle multimédia, ni ordinateur en plus la coupure d’électricité dans la ville dure parfois plus de 24 heures.
Pourtant le Cameroun depuis 2019 ambitionne digitaliser ses enseignements, or sur le terrain, la réalité est tout autre. Selon le Rapport d’analyse des données statistiques du ministères des Enseignements secondaires (Minesec), 2023-2024, il y’a urgence de disposer de salles informatiques et de centres de ressources multimédias pour une digitalisation effective. Au niveau national, seulement 32% des Eni publiques ont une salle informatique ou un Centre de ressources multimédia.
Le Littoral (60%), le Nord (50%) et le Centre (45%) font figures de bons élèves. Mais ailleurs, c’est la disette, atteignant même 11 et 17% dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Adamaoua
Si le manque de salles d’informatique est déjà un frein dans la formation des instituteurs dans les Eni publiques, il s’y ajoute un autre problème celui de l’accès irrégulier à l’électricité.
Officiellement, le Rapport d’analyse des données statistiques du ministères des Enseignements secondaires (Minesec), indique que 85% des Eni dispose d’un branchement électrique ou d’un dispositif d’alimentation en électricité avec des besoins plus criards dans les Eni de la Région du Nord (50%) et de l’Extrême-Nord (71%).
« Quand il n’y a pas d’électricité en salle, nos rares ordinateurs deviennent des objets décoratifs », confie un formateur qui a requis l’anonymat. Et de trancher : « Aucune digitalisation ne se faire dans le noir. » Selon lui, des efforts doivent être consentis pour que
cette commodité soit disponible et utilisée dans toutes les Eni publiques car son absence constitue une entrave majeure dans la formation efficace des instituteurs au Cameroun.
« C’est indéniable que les disparités entre les régions creusent une fracture donc les répercussions se verront plus tard. Les instituteurs formés dans les régions les mieux équipées auront une longueur d’avance sur la manipulation des outils numériques ce qui ne sera pas le cas des autres », prévient Dr Alex Nkoa, spécialiste en sciences de l’éducation. Il relève que sans formation solide et adéquate, ces futurs instituteurs ne pourront malheureusement pas transmettre aux enfants ce qu’ils n’ont pas reçu. « Vous comprenez que nous formons pour les générations futures, les enseignants du passé », ironise Dr Alex Nkoa
Comme solutions, il propose d’équiper en priorité les Eni en énergie solaire pour contourner les coupures où le manque d’énergie électrique. Il y ajoute aussi d’assurer la formation continue et le recyclage des élèves-maîtres et de mettre en place un programme de maintenance de tous le matériel acquis.
Mélanie Ambombo







