Education : 450 centres d’alphabétisation à l’arrêt
Trois semaines avant le début de l’année scolaire 2025-2026, le gouvernement tente de relancer en urgence ces centres qui en plus de l’alphabétisation, œuvrent pour la promotion des langues nationales.
A quelques semaines de la rentrée scolaire 2025-2026, le ministère de l’Education de base (Minedub) se retrouve face à un dilemme : réactiver sans délais 450 centres publics d’alphabétisation et de promotion des langues nationales actuellement non fonctionnels au Cameroun.
Dans une note datée du 12 août 2025, le Minedub, Pr Laurent Serge Etoundi Ngoa demande aux délégués régionaux de son département ministériel, de lui soumettre dans les plus brefs délais des propositions de nominations afin que les Centres d’alphabétisation fonctionnelle (Caf), les Centres d’éducation de base non formelle (Cebnf) et les Centres de promotion des langues nationales (Cpln), concernés par cette fermeture soient fonctionnels dès le 8 septembre 2025, jour de la reprise des cours.
La paralysie de ces centres est due à l’absence des chefs de centres, d’alphabétiseurs et de moniteurs capables d’assurer le volet professionnel. Or, ces unités sont un maillon essentiel de l’éducation non formelle, destinée à offrir une seconde chance aux adultes et jeunes déscolarisés, tout en favorisant la promotion des langues locales.
Relevant du Programme 103- Alphabétisation du Minedub qui vise à contribuer à l’amélioration du niveau d’alphabétisme des femmes et des hommes tant en zone rurale qu’urbaine, il est doté d’un budget de 4,7 milliards F Cfa en 2025. Malgré la fermeture de plusieurs de ces centres, le programme a réalisé en 2024, une performance de 68,41% en 2024. Soit un taux de réalisation de 92,50% par rapport à l’objectif de départ. Les projections de 2025 restent optimistes de l’ordre de 69,5%.
Selon Dr Alex Nkoa, spécialiste en science de l’éducation, « sans le redémarrage effectif de ces 450 centres, la stratégie nationale d’alphabétisation risque de s’affaiblir, mettant en mal l’ambition de réduire le taux d’analphabétisme au Cameroun ». Pour lui, l’alphabétisation est d’abord un droit fondamental mais aussi un puissant levier de développement.
De son côté, un sociolinguiste qui a requis l’anonymat, alerte : « La Snd 30 prévoit une réduction du taux d’alphabétisme or si ces centres restent inactifs, la chaine de l’éducation non formelle sera affaiblie. Il faut aussi voir qu’ils ne sont pas seulement des lieux d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, ils participent aussi à la promotion et à la transmission des langues nationales. Leur fermeture progressive contribue à la marginalisation linguistique et met en péril le patrimoine culturel immatériel du pays ».
L’Unesco, partenaire clé du Cameroun, rappelait encore en 2024, lors du déblocage de 44,5 millions de dollars pour l’alphabétisation multilingue en Afrique centrale, que l’éducation non formelle constitue une composante essentielle de l’inclusion et de la cohésion sociale.
Mélanie Ambombo







