Education : Au Cameroun, le secteur toujours sous-financé

Au Cameroun, le secteur toujours sous-financé
Le pays peine à respecter les engagements pris à l’échelle internationale . Une situation que certains spécialistes imputent à l’efficience dans la gestion des ressources et à une mauvaise priorisation des besoins.
Au Sommet mondial sur le financement de l’éducation de février 2018 à Dakar au Sénégal, le Cameroun a pris l’engagement de porter à 18,5%, les dépenses publiques dans le secteur de l’éducation et de la formation d’ici 2020 . Engagement renouvelé en juillet 2021 à Londres, où le pays promet cette fois de porter ces dépenses à hauteur de 18,57% du budget national d’ici 2023.
« Malheureusement les premières observations des lois de Finances depuis 2018 révèlent que cet objectif n’est pas encore atteint », confesse Marie Noelle Pauline Edith Etobe, présidente du Conseil d’administration (Pca), de la Cameroon Education for All Network (CEFAN). Même les données de la Banque mondiale, démontrent que seulement 3,1% du PIB du Cameroun est alloué à l’éducation loin des 6% que recommandent les Nations-unies.
Dans ces financements, le CEFAN, relève une alternance de l’enveloppe budgétaire allouée au secteur de l’éducation et de la formation toujours inférieure aux engagements pris. Par exemple, malgré une hausse en valeur absolue de 48 milliards F Cfa (soit 716 milliards F Cfa en 2021, contre 764 milliards en 2022), il se dégage une baisse en valeur relative de 02,06% (soit 15,34% en 2021, contre 13,28% en 2022 et 13,23% en 2023). En 2024, il y a eu une légère hausse en valeur absolue de 100,378 milliards F Cfa (soit 979, 348 milliards en 2024, contre 878,970 milliards F Cfa en 2023 et 764, 257 milliards F Cfa en 2022) et en valeur relative de 01,43% (Soit 14,66% en 2024 contre 13,23% en 2023, et 13,28% en 2022.
Fort de ce constat, le CEFAN, a tenu à rappeler ces nombreux engagements au gouvernement au cours d’un atelier organisé le 26 octobre 2024 à Yaoundé. « Vous voyez alors que le financement de notre système éducatif est structurellement déficitaire or, l’éducation est un devoir régalien de l’Etat », tranche Parfait Ongolo, économiste.
Selon une étude de l’Unesco, dans bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne, il est très difficile d’augmenter les recettes publiques en raison de leur instabilité macro-économique et de l’instabilité de leur croissance, de leurs ratios d’endettement élevés, d’une faible administration des impôts et de vastes secteurs informels. Pour expliquer ce qui coince au Cameroun, Nobert Nomo, spécialiste en management de l’éducation parle des contraintes budgétaires auxquelles fait face le pays et qui limitent sa capacité à allouer des ressources suffisantes à l’éducation. Elle énumère aussi les priorités concurrentes, telles que les dépenses liées à la santé, à l’infrastructure ou à l’instabilité.
« C’est vrai que ce budget de manière globale est très insuffisant, mais il y a un problème qu’il faut regarder quand on analyse le financement de l’éducation au Cameroun. Il s’agit de l’efficience dans l’utilisation des ressources qui sont injectées dans ce secteur car plus de 90% du financement alloué à l’éducation est utilisé dans les frais de fonctionnement . La marge pour faire de l’investissement n’est que de 10% », explique sous anonymat, une source du secteur éducation de la Banque Mondiale au Cameroun
Pour un accroissement du financement de l’éducation au regard des efforts consentis, le Cefan préconise, la stabilisation progressive de la situation sécuritaire, la maitrise globale des effets pervers de la crise sanitaire, l’assainissement du fichier solde des personnels de l’Etat, les effets positifs attendus de l’implémentation de la décentralisation sur le financement de l’éducation.
Mélanie Ambombo







