Leur arrivée massive dans plusieurs localités des régions de l’Est, l’Adamaoua et le Nord   a accentué le niveau de la sous-scolarisation dans ces zones déjà confrontées à un déficit d’infrastructures scolaires. Ces enfants réfugiés connaissent plusieurs difficultés qui empêchent leur scolarité notamment le mariage précoce.

 Ramatou, une réfugiée centrafricaine, âgée d’une vingtaine d’année a été contraint d’abandonner l’école à l’âge de 10 ans, faute de ressource financière.  A 15 ans, ses parents n’ont pas hésité à l’envoyer en mariage afin de réduire les charges familiales, relate celle qui aujourd’hui est vendeuse d’arachides à Mandjou, une localité proche de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est.  « Nous sommes arrivés au Cameroun en 2013 en provenance de la République Centrafricaine (RCA) et j’avais seulement 10 ans. Aujourd’hui j’ai déjà 3 enfants dont je suis obligée de me battre pour survivre », affirme-t-elle au cours d’un échange avec Data Cameroon le 16 mai 2025.

Mohamadou Houssena, élève en classe de 6^ème au Collège d’enseignement général (CES) de Lolo dans l’arrondissement de la Bombé, département de la Kadey, par contre, a eu plus de chance. Depuis son arrivée dans le camp de Lolo il y a huit ans, il bénéficie de l’accompagnement financière de certaines organisations humanitaires qui financent les études des réfugiés.

L’arrivée massive des réfugiés centrafricains parmi lesquels les enfants en âge scolaire dans les régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Nord, suite aux crises sociopolitiques successives en RCA, a sérieusement impacté le système scolaire. Selon Mohamadou Sirazou, président du comité de vigilance du site des réfugiés de Lolo, ce camp compte environ 12 mille réfugiés et plus de 1000 enfants en âge scolaire. « Ces enfants ont plusieurs difficultés liées à leur scolarisation, parmi lesquelles la pauvreté des parents et le manque de nourriture parce que les réfugiés non pas accès à la terre. Tout ceci a comme conséquence, le manque du matériel scolaire qui empêche la scolarité des enfants singulièrement les jeunes filles qui se trouvent obligées de se marier précocement », déplore Mohamadou Sirazou, président du comité de vigilance du site des réfugiés de Lolo.

A en croire Adamou Abdon, maire de la commune de Garoua-Boulaï dans le département du Lom-et-Djérem, ces réfugiés sont venus avec beaucoup d’enfants en âge scolaire, ce qui a eu un impact sur le système éducatif local. « Nous avions déjà un déficit des salles de classe et des tables bancs que ce soit au niveau primaire ou secondaire. Et avec l’avènement de la crise sociopolitique chez nos voisins en 2013, l’arrivée des réfugiés a accentué le problème. Comme conséquence, les dirigeants scolaires étaient obligés d’instaurer la mi-temps dans les écoles primaires », explique le Maire. D’après les statistiques de la sous délégation de l’UNHCR de Bertoua, rendues publiques en février 2025, « 53,57% des enfants réfugiés sont non scolarisés ».

Pour venir à bout de ce handicap scolaire, Plan Cameroon, une organisation non gouvernementale, a mis sur pied le projet « Protection, Education et Assistance Alimentaire » en faveur des enfants réfugiés en 2022. Selon Patricia Wata, son Program Officer, ce programme permet d’identifier les enfants non scolarisés et déscolarisés afin de les accompagner.  « Nous leur rendons des services comme le paiement des frais exigibles de scolarité pour les enfants en classe d’examen, la distribution des kits scolaires et d’hygiène, l’appui en appareillages aux enfants porteurs de handicap et l’appui aux maîtres de parents dans les établissements à forte concentration des réfugiés », explique Patricia Wata. Un appui qui limite la déperdition scolaire dans les zones cibles et diminue les mariages précoces et forcés.

Sébastian Chi Elvido à l’Est