Elecam : « L’Assemblée nationale doit augmenter le budget d’Elecam »

Elecam : « L’Assemblée nationale doit augmenter le budget d’Elecam »

Le politologue Roland Simon Ekodo analyse le fonctionnement de l’organe chargé d’organiser les élections au Cameroun et propose des solutions pour améliorer son fonctionnement et lui donner plus de crédibilité aux yeux des électeurs le budget d’Elecam.

Qu’est-ce qui peut être fait par Elecam pour regagner la confiance des citoyens en âge de voter ?

Election’s Cameroon, malgré ses prétentions à l’autonomie vis à vis des formations partisanes en compétition ne peut susciter un engouement véritable aux urnes. D’abord parce que la trajectoire politique de ses membres est idéologiquement située. Ensuite parce que leur nomination par le décret présidentiel en dehors de tout consensus et de toute consultation des autres forces politiques de l’opposition entretient l’équivoque d’une structure biaisée et éminemment à la solde du parti dominant.

Autre chose, ses pouvoirs sont limités à une compilation des suffrages, à une publication locale et l’idée que ce ne sont que ses Pv qui font foi en cas de litige sont des dispositions fâcheuses auprès des autres groupements politiques, qui en appellent à une égalité à la valeur juridique des Pv de tous les observateurs présents dans un bureau de vote.

La seule façon de rendre légitime ses opérations serait d’informatiser et de sécuriser tout le processus jusqu’à la proclamation des résultats présidentiels qu’elle se réserverait le droit exclusif en lieu et place du conseil constitutionnel. Et même dans cette hypothèse, elle serait impossible d’endiguer « l’abstentionnisme de combat » qui désigne ceux qui ne votent pas par critique du système politique, ou par volonté de contester la légitimité et la facture morale des opposants compromis.

Elecam indique avoir inscrit, au 31 août 2022, au total 7 320 152 électeurs. Sur une population camerounaise estimée à près de 30 millions, ce nombre d’inscrits est-il satisfaisant ?

Ce nombre d’inscrits au fichier électoral est évidemment insuffisant et rachitique dans un pays où la politisation des masses est connue, et où la démographie est sans cesse croissante et où les citoyens bénéficient d’une présomption de dynamisme.

le budget d’Elecam Que doit faire Elecam pour inscrire plus, étant donné que Elecam a jusqu’ici inscrit au maximum 500 000 électeurs par an sur le fichier électoral ?

Elecam aurait pu compter avec l’ancrage sociétal d’une culture politique, ainsi qu’avec les modifications d’une loi électorale plus inclusive pour augmenter le nombre d’inscrits au fil des ans. Ainsi la capacité électorale de tous les scrutins est ramenée à 16 ans, si le vote est ouvert aux binationaux, et si les conditions de la compétition électorale pluraliste sont consensuelles aux yeux des différents protagonistes, le nombre d’inscrits va fortement croître.  Compte tenu des estimations officielles de 2022 qui situent la démographie à 27 800 000 habitants, on pourrait postuler pour une capacité électorale potentielle autour de 11 millions.

Les responsables d’Elecam déplorent l’insuffisance des moyens mis à leur disposition par l’Etat. Que peut faire Elecam pour être autonome financièrement ?

Il incombe à l’Assemblée nationale lors du vote du budget, d’augmenter les ressources financières du ministère de l’Administration territoriale, en tenant compte des besoins de fonctionnement d’Elecam, et des coûts de biométrisation de son fichier.

le budget d’Elecam Que peuvent faire les partis politiques de l’opposition, et la société civile pour contraindre l’Etat à rendre Elecam autonome et indépendant ?

L’opposition, ainsi que les Osc dans une configuration où ils étaient unis et où ils avaient un rapport de force particulier sur le régime qui institue Elecam, auraient pu conditionner leur participation  électorale à une représentation équitable au sein d’Elecam, ou à une modification de fond de ses prérogatives, modes de fonctionnement et disposition statutaire pour régler les questions de la proclamation informatique spontanée des résultats, ainsi que de l’égalité juridique des Pv de tous les représentants des partis et scrutateurs présents dans un bureau de vote.

Entretien réalisé par Blaise Djouokep, dans le cadre du Projet Open data for Governance in Cameroon (ODAGOGA), initié par ADISI-CAMEROUN, avec l’appui financier de l’International Freedom of Expression Exchange (IFEX).

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