Entreprenariat :Au Cameroun, les jeunes de 20 à 40 ans dominent le tissu entrepreneurial
 
				Ces entrepreneurs camerounais font face à plusieurs défis qui obstruent encore leur essor, notamment l’accès aux financements, l’une des conséquences d’un taux d’abandon ou d’échec élevé.
Archange Michel Lemana, ingénieur agronome de 32 ans, fondateur d’une entreprise de transformation des fruits, a tout abandonné il y a trois ans pour réaliser son rêve. « Au tout début du lancement de mon entreprise, seulement son enregistrement a été un véritable parcours du combattant. J’ai dû faire face à la lenteur administrative et il m’a fallu plus de huit mois pour obtenir le registre de commerce », raconte le jeune entrepreneur. Selon cet agronome, qu’aucune banque n’a voulu financer son affaire. Il a dû compter sur les aides familiales et l’argent emprunter dans quelques tontines.
Comme Archange, ils sont nombreux ces jeunes camerounais qui se lancent de plus en plus dans l’entreprenariat. D’après la Banque mondiale, les jeunes âgés de 18 à 35 ans représentent 57% de la population active camerounaise. En 2024, ces jeunes, particulièrement ceux compris entre 20 et 40 ans représentaient à eux seuls, 68 % du tissu entrepreneurial national. Avec une répartition de 28,4% pour les 20-30 ans et 39,8% pour ceux de 30-40 ans, selon les données de l’Annuaire statistique 2024 sur les Petites, moyennes entreprises de l’économie sociale et de l’artisanat (Pmeesa). En 2023, cette génération de jeunes entrepreneurs représentait 68,12% contre 66,8% en 2022, confirmant ainsi leur dominance dans la création d’entreprise au Cameroun.
Un esprit entrepreneurial qui n’est pas du fait du hasard, car l’Institut européen de coopération et développement (Iecd) démontre que les jeunes de 15 à 34 ans qui représentent plus d’un tiers des habitants du Cameroun sont trois fois plus touchés par le chômage que les autres catégories. Face à cette réalité, la création d’entreprise s’impose donc à eux comme une solution clé. « A la sortie de l’école, les jeunes diplômés aspirent à un emploi dans le secteur public malheureusement, ce dernier saturé, recrute de moins en moins depuis les années 2000 les contraignant à se rabattre dans l’auto-emploi », affirme l’économiste Dr Bengono.
Cependant, malgré leur rôle essentiel dans l’économie camerounaise, ces entreprises actives dans des secteurs tels l’agroalimentaire, les services divers, le commerce, l’artisanat et la mode, font face à plusieurs défis qui obstruent encore leur essor, à en croire Dr Raoul Bengono. Opérant majoritairement dans le secteur informel, elles peinent à peser dans les grandes décisions économiques du Cameroun. « Cela se vérifie par un taux d’abandon ou d’échec qui reste très élevé d’autant plus que le système éducatif ne le prépare pas aux réalités du marchés du travail », relève l’Iecd. A ces handicaps, Dr Raoul Bengono, souligne que le manque de compétitive et l’incapacité à s’internationaliser freinent leur développement.
Pour que les Pme portées par les jeunes puissent pleinement contribuer dans l’économie du Cameroun, des mesures structurelles sont nécessaires, recommande Dr Raoul Bengono. « Il faut leurs garantir un accès au financement, mettre fin aux tracasseries et lourdeurs administratives, assurer la formation des jeunes entrepreneurs dans le management, leur apporter un allégement des charges fiscales et un accompagnement dans le processus d’exportation de leurs produits », suggère- t-il.
Mélanie Ambombo







