Epilepsie : Plus de deux cent décès enregistrés en 2024 au Cameroun

Avec seulement 47 morts en 2023, cette hausse du taux de létalité selon le personnel médical peut s’expliquer par le fait que le Cameroun n’a toujours pas de stratégie nationale de lutte contre cette maladie.

Olive.B a de la peine à se confier depuis le décès de son fils épileptique, il y a deux ans. En plus du deuil, cette mère porte les stigmates des préjugés qu’elle a subi à cause de la maladie de son fils.  « J’ai toujours été fière de mon enfant même quand il a été diagnostiqué atteint de l’épilepsie. Le regard des gens sur moi a changé, certains à défaut de me fuir m’évitaient tout simplement. Une tante avait même osé me dire que mon enfant était habité par un esprit maléfique alors il fallait que je m’en débarrasse au bord de la rivière du village », déplore cette mère, étouffant un sanglot.

A en croire Olive, l’épilepsie, cette maladie qui s’accompagne de troubles du comportement et des difficultés d’apprentissage scolaire, est encore considérée dans certaines cultures au Cameroun, comme une maladie mystique. Une croyance sociale qui continue de faire des victimes, conduisant parfois jusqu’à l’abandon ou la mort certains patients.

En 2024, le Cameroun a enregistré une hausse importante du nombre de décès liées à l’épilepsie. Le pays est passé de 47 morts en 2023, à 242 en 2024, indique, le Ministère de la Santé Publique dans le Bulletin épidémiologique du Cameroun de 2024. Avant la chute considérable de 2023, le pays a enregistré 130 et 125 décès respectivement en 2021 et 2022. De même que le nombre de décès, le nombre de cas diagnostiqués a grimpé, et est passé à 5578 victimes contre 4367 en 2023. Des chiffres bien inférieurs à ceux enregistrés des années précédentes soit 14 358 en 2022 et 8 200 en 2021.

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Avec seulement 02 morts en 2023, la région du Sud-Ouest avec 92 morts en 2024, est étonnement la région du pays qui présente le plus de morts avec un  taux de létalité de 12%, trois fois supérieur à celui national qui est de 4% en 2024. Elle est suivie dans ce classement du Centre (41 morts) et du Nord-Ouest (34 morts).

En effet, explique Dr Paul Tassé, médecin généraliste, nombreux sont ceux qui n’ont toujours aucune information sur cette maladie, ce qui peut expliquer le nombre élevé de morts. « Jusqu’ici, le Cameroun n’a pas adopté une stratégie nationale de lutte contre l’épilepsie or une stratégie de lutte, permet à la fois de définir des objectifs clairs et précis pour lutter efficacement contre une maladie en impliquant les différents acteurs et en allouant un budget afin d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes et de leurs familles », relève Dr Paul Tassé.

Selon ce médecin, le nombre de décès de plus en plus grandissant peut s’expliquer par la stigmatisation et les préjugés qui entourent l’épilepsie et qui empêchent les victimes et leur famille de chercher une aide médicale. Il pense également que le coût de la prise en charge et les pénuries des médicaments antiépileptiques peuvent aussi expliquer les cas de décès. Il impute aussi ces morts à un manque d’éducation sur la maladie et à une insuffisance des infrastructures de santé.

Mélanie Ambombo

 

 

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