Exploitation minière : Un litige minier met en péril l’exploitation artisanale à Kambélé
Une vue du site abritant le permis de recherche n°643 dénommé « Batouri »

Un litige minier met en péril l’exploitation artisanale à Kambélé

La suspension des activités d’exploitation artisanale de l’or dans le permis de recherche N°643 dénommé « Batouri », sur lequel exercent une dizaine des sociétés, à cause d’un litige entre la société Jamb’s Avenir Sarl, propriétaire de ce permis en cours de renouvellement, et les détenteurs des autorisations d’exploitation artisanale délivrées par l’Etat, handicape de nombreux artisans miniers qui  sont   désormais au chômage litige minier et exploitation minière.

Sur la route de Kambélé, zone d’exploitation minière située à environ 5 kilomètres du centre-ville de Batouri, chef-lieu du département de la Kadey à l’Est, ce vendredi 4 octobre 2024, le ballet des mototaxis souvent observé est rare. Sur le site abritant le permis de recherche n°643 dénommé « Batouri », c’est le calme plat. Les ouvriers camerounais et expatriés ne sont plus visibles litige minier et exploitation minière. Le vrombissement habituel des engins qui extraient l’or dans les trous et des camions qui transportent souvent le gravier sur les sites de lavage a cédé la place aux chants d’oiseaux.

Ces mastodontes, généralement importés de la Chine ont d’ailleurs disparu du site de Kambélé pour des destinations inconnues. Sur des vastes étendus, l’on peut observer la présence des montagnes de terre et des trous d’or béants, transformés en lacs artificiels à la faveur des pluies torrentielles qui s’abattent sur la région de l’Est depuis le mois de septembre 2024. « Ça fait près d’un mois que nous sommes au chômage. Les sociétés qui nous employaient ont cessé leur activité », déplore Prospère Ndanga, un orpailleur qui nous a servi de guide sur le site.

L’ambiance qui règne actuellement à Kambélé est la conséquence de la « décision du 23 septembre 2024 portant suspension de toutes les activités minières à l’intérieur du site, faisant l’objet d’une demande de renouvellement de permis de recherche dénommé « Batouri » », par le ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmindt). Pour prendre cette décision, le Minmindt a évoqué « les menaces de troubles à l’ordre public ».

litige minier et exploitation minière Chômage

D’après Placide Damzon Mbélé, porte-parole des artisans, une correspondance signée par 200 artisans miniers, a été adressée au Président de la République, portant sur « la levée de suspension relative à la décision ministérielle du 23 septembre 2024 ».  Cette suspension, dit-il, cause un préjudice incommensurable aux populations en majorité constituée des jeunes, contraints au chômage et est source d’insécurité. « Nous avons les fils du village, détenteurs des permis d’exploitation artisanale en bon et due forme qui paient régulièrement les taxes à l’Etat qui ne peuvent plus travailler », déplore-t-il.

Des propos soutenus par Didier Moussa Kombo, un acteur de la société civile basé à Batouri qui déclare que, « depuis la fermeture desdites entreprises, près de 5.000 ouvriers camerounais et expatriés qui vivaient grâce à l’activité minière sont en chômage. On observe par ailleurs une morosité des activités économiques dans la ville litige minier et exploitation minière. Une situation qui présage un retour de l’insécurité à travers des braquages par des jeunes en provenance de tous les horizons qui se sont installés à Batouri grâce à l’activité minière à Kambélé ».

En therme de recette, relève un fiscaliste qui a requis l’anonymat, « l’Etat va facilement perdre des milliards de F Cfa sur la quote-part prélevée par la Société nationale des mines (Sonamines) sur la production mensuelle de l’or. Car lors d’un passage à la Crtv, la chaine publique, le directeur de cette société d’Etat a affirmé que depuis sa création en 2020, il est à plus de 600 kg d’or prélevé à Kambélé d’une valeur de plus de 25 milliards de F Cfa ».

Menace sur la santé

Malgré la suspension par le Minmindt, les riverains continuent de mener leurs activités traditionnelles plus connues sous le nom de « nguéré » ou de « sassayé », qui consistent à pénétrer les trous abandonnés par les sociétés à la recherche de l’or. « Ces populations sont en train de prendre un risque énorme en pénétrant ces trous devenus des lacs. Elles sont exposées non seulement aux maladies hydriques et autres infections mais aussi aux éboulements de terre qui ont déjà causé de nombreuses morts dans la zone », regrette Idris Yaya, infirmier à Batouri. A ce sujet, l’Ong Foder, qui tient un registre sur les morts dans les sites miniers de l’Est et Adamaoua dans le cadre de son projet Mines-Environnement-Santé-Société (ProMess), révèle qu’« entre 2014 et 2020, plus de 200 morts par éboulement ont été enregistrés ». Dans ce palmarès, Kambélé s’en sort avec une cinquantaine de cas de décès.

Justice

Pour rappel, la situation qui règne à Batouri est née d’un litige entre Jamb’s Avenir Sarl et les détenteurs des autorisations d’exploitation artisanale à Kambélé. Jam’s Avenir a saisi la justice en début d’année 2024 « afin d’obtenir une ordonnance pour mettre fin à une voie de fait, de cesser toute intrusion et exploitation semi-mécanisée sur le permis de recherche No 643 « Batouri », d’enlever ou supprimer tout matériel installé, entreposé, stocké, implanté ou conduit sur ledit permis de recherche ».

La bataille juridique commencée au Tribunal de Batouri et à la Cour d’Appel de l’Est s’est déportée à la Cour Suprême. C’est ainsi que dans son ordonnance  N° 428 du 13 août 2024, la Cour Suprême a indiqué que : « vu les pièces, attendu que les arguments développés par le conseil des requérants ne paraissent pas pertinents, qu’en effet,  les arrêtés dont contestation est faite ont été délivrés par le ministre chargé des Mines, qu’au bénéfice de ces observations, tout litige né de l’interprétation desdits arrêtés relève de la compétence du juge administratif et non du juge judiciaire, qu’il y a lieu par conséquence de rejeter ladite requête ».

Sébastian Chi Elvido à l’Est

Mots – clés :

Exploitation minière

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