Le pays est passé de plus de 350 tonnes de bananes exportées en 2020 à moins de 250 entre 2021 et 2024. Une instabilité de la filière, qui s’observe également au mois d’avril 2025 malgré des performances remarquables de certains opérateurs clés. Une situation qui souligne la nécessité d’adapter la filière face à un environnement international en mutation selon les experts.

Pour le seul mois d’avril 2025, le Cameroun a exporté environ 16 830 tonnes de bananes. Le pays enregistre ainsi une baisse de 2 755 tonnes par rapport au premier trimestre de l’année 2025, indique le rapport de l’Association bananière du Cameroun (Assobacam).

Cette contre-performance globale masque toutefois des performances individuelles encourageantes dans la filière. En effet, la Cameroon Development Corporation (CDC) a augmenté ses exportations de 30%, passant de 2 543 tonnes en avril 2024 à 3 309 tonnes en avril 2025, soit une hausse de 766 tonnes. La Compagnie des Bananes de Mondoni (CDBM), quant à elle, a connu une croissance de 42%, atteignant 1 715 tonnes contre 1 304 tonnes un an plus tôt.

Cependant, cette embellie ne suffit pas à équilibrer la baisse globale, qui reste de l’ordre de -0,4% en volume, soit environ 67 tonnes de moins qu’en avril 2024. La situation témoigne d’un secteur fragmenté, où certains opérateurs progressent tandis que d’autres enregistrent une régression significative.

Une analyse détaillée de la tendance générale des mois d’avril 2023, 2024 et 2025, montre  qu’entre 2023 et 2024, la quantité exportée de bananes au mois d’avril connaît une croissance notable, passant de 13 928 tonnes à 16 897 tonnes. Tandis qu’en 2025, la quantité chute et revient au même niveau qu’en 2023, à 13 928 tonnes.

A en croire Daniel Banen, économiste, la baisse des exportations de bananes du Cameroun en avril 2025 souligne la nécessité d’adapter la filière face à un environnement international en mutation. Si certains opérateurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, la tendance globale montre que le secteur doit relever de nombreux défis pour retrouver sa dynamique de croissance, préserver ses emplois et assurer la pérennité de cette culture de rente stratégique pour le pays.

Concernant les exportations annuelles, on note un contraste entre 2020 et 2024. En 2020, elles atteignent 375 768 tonnes, ce qui est la quantité la plus élevée sur cette période. En 2021, le nombre diminue fortement à 198 634 tonnes avant de connaître une légère hausse en 2022, avec 216 103 tonnes, et chute encore en 2023, à 206 852 tonnes. En 2024, on relève une petite augmentation, avec 210 746 tonnes.

Toute nos démarches pour comprendre cette dynamique de la filière banane auprès de l’Assobacam ont été vaines. Le protocole d’interview envoyée à l’adresse recommandée par la chargée de communication est resté sans suite jusqu’au moment où nous bouclons cet article. Toutefois, nous ferions une mise à jour de l’article si nous avons une réaction de cette organisation.

Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)