Foumban : Plus d’une centaine d’habitations au bord de l’effondrement
Les pluies diluviennes ont provoqué un glissement de terrain à Njintout dans le département du Noun, mettant en péril des dizaines d’habitations et relançant l’alerte sur les zones à risque à l’Ouest Cameroun.
Sur place, ce 27 septembre 2025, le spectacle est saisissant : pans de collines affaissés, toitures effondrées, fondations arrachées, routes impraticables. Les autorités ont établi un cordon de sécurité et ordonné l’évacuation des familles les plus exposées. Mais la menace reste entière avec les pluies qui continuent de s’abattre sur Foumban dans le département du Noun, région de l’Ouest.
Au quartier Njintout, au lieudit Fepouoche, Adoulaihi N. après l’éboulement de terre du 19 septembre 2025, s’accroche encore à sa maison fissurée, malgré la menace permanente d’effondrement. Avec son épouse et ses trois enfants, il vit chaque jour dans la peur. « Depuis 2017, nous vivons sous cette menace. Malheureusement, nous n’avons nulle part où aller », souffle-t-il, résigné. Autrefois, il passait par la route principale, aujourd’hui, les éboulements l’obligent à emprunter un chemin de contournement pour rejoindre son lieu de travail.
Le bilan de cet effondrement fait état de ce qu’une large portion du sol s’est affaissée, laissant derrière elle un ravin de plus de cinq mètres de profondeur. 174 habitations fragilisées ou directement menacées, ont aussi été enregistrées y compris des maisons éventrées, des murs fissurés, une route coupée et des arbres déracinés.
Zones à risque
Selon le bulletin de l’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc) de septembre 2025, la zone des hauts plateaux (Nord-Ouest et Ouest) connaît une intensité pluviométrique accrue, avec des précipitations comprises entre 90 et 180 mm dans plusieurs localités, dont Foumban. Le Pr. Julius Tata Nfor, climatologue, rappelle que « la région de l’Ouest est depuis longtemps affectée par des dérèglements climatiques, tels que la sécheresse, les inondations et les glissements de terrain ». Selon lui, « les jours pluvieux vont diminuer, mais leur intensité augmentera légèrement ». Il recommande l’évacuation des zones déclarées non constructibles.
D’après Moumbé Talla, environnementaliste, l’Onacc devrait intensifier sa communication sur les risques auxquels les populations restent exposées. De son côté, la délégation régionale du ministère de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu) pour l’Ouest a répertorié plus de 198 sites à risque : bas-fonds, ravins, flancs de collines, lits d’eau ou zones d’éboulement. « Le tableau récapitulatif est en cours d’actualisation », indique François Delaunay Zebaze, délégué régional, qui déplore que « malgré les campagnes de sensibilisation, les populations continuent d’y vivre au péril de leurs vies ».
La région de l’Ouest n’en est pas à son premier drame. En 2019, l’éboulement de Gouache à Bafoussam avait causé 43 morts, tandis qu’en novembre 2024, un glissement de terrain à la falaise de Dschang avait encore endeuillé plusieurs familles.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







