Frais d’Apee : La Minesec instruit le remboursement du trop-perçu

La Minesec instruit le remboursement du trop-perçu des Frais de l’Apee
Son injonction aux chefs d’établissement ayant perçu de l’argent au-delà du montant plafonné de 25000 F Cfa par élève, ne fait pas l’unanimité . Pour certains observateurs, il faut tout simplement supprimer les dits frais qui alourdissent le budget des familles pour l’éducation.
La ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga, a enjoint, via les délégués régionaux de son département ministériel, les chefs d’établissements ayant perçu des frais de l’Association des Parents d’Elèves et d’Enseignants (APEE) au-delà du montant plafonné de 25000 F Cfa par élève, de rembourser le trop-perçu . Elle a, par ailleurs, instruit un recensement des responsables coupables de telles « déviances » afin que ceux-ci soient sanctionnés en conséquence.
Un trop-perçu qui sur instruction de la même Minesec avait déjà été remboursé en 2021. Au Lycée bilingue de Bobongo Petit-Paris à Douala, par exemple, les parents des 5500 élèves que comptait cet établissement cette année, avaient chacun encaissé, 10.000 F Cfa sur les 35 000 F Cfa perçus auparavant par élève . Soit 55 millions F Cfa remboursés. « Même si ça ne résout pas le problème dans son entièreté je salue quand même cette décision de la ministre », se réjouit Jeanne Nga Embolo, parent d’élève.
Quant à lui, l’économiste, Dr Armand Paul Mekongo pense que la solution n’est pas de rembourser : « il faut tout simplement supprimer les dits frais qui alourdissent le budget des familles pour l’éducation. Les plafonner à 25 000 F Cfa a entraîné une harmonisation qui est telle qu’aucun établissement n’exige plus moins, y compris dans les zones les plus défavorisées », tranche-t-il. Une affirmation qui peut se vérifier dans le rapport d’analyse de l’annuaire statistique du secteur de l’éducation et de la formation au Cameroun de 2022, publié par l’Institut national de la statistique (Ins). Il en ressort que les familles contribuent de manière importante aux dépenses de l’éducation. Soit 31% et 21% respectivement pour le primaire et le secondaire.
Devoir régalien
« Tous les bâtiments sont des dons de l’Apee », déclare le directeur d’un Collège d’enseignement général (Ces) du Mbam et Kim qui a requis l’anonymat. Il relève que rembourser le trop-perçu, aura une incidence sur les obligations de son établissement tel que le projet informatique. « Je vais être très clair sur ce sujet : le rôle des Apee n’est pas de financer l’école publique. Ce financement est un devoir régalien de l’Etat . Et l’Etat camerounais s’est engagé à financer l’éducation à hauteur de 20% de son budget ou 6% de notre Pib. Pour l’instant, il n’en est qu’à 13,5% du budget et moins de 3% du Pib. Cela fait beaucoup de manque à gagner au secteur de l’éducation (…) L’Apee est aujourd’hui une gangrène qui pourrit l’éducation », tranche Roger Kaffo Fokou secrétaire général du Syndicat national autonome des enseignements secondaires (Snaes)
Selon le juriste Jean Pierre Menounga, la sortie de la Minesec est contradictoire à sa circulaire du 17 septembre 2021 qui prévoit que les contributions liées à l’Apee sont fixées par les membres de l’association en fonction des besoins de l’établissement. « En plus elle n‘a pas qualité à fixer le montant de l’adhésion à une association. Si elle veut être légaliste qu’elle rappelle à ces chefs d’établissement que la loi sur les associations est claire, l’adhésion est libre et ne devrait pas conditionner l’inscription à un établissement », poursuit le juriste.
Face à cette situation, jean Marcelin Kamdem, pense qu’une reforme systémique et structurelle profonde s’impose dans le secteur de l’éducation. « Nous sommes fatigués des mesures parcellaires et approximatives sans effet. L’Etat doit penser à des formes innovantes de financements en redéfinissant les priorités du gouvernement et les appliquer de bonne foi . Il faut aussi changer radicalement la gouvernance scolaire, aussi bien institutionnelle que financière », conclut le syndicaliste.
Mélanie Ambombo







